Ce lundi 3 mai marque en France la première étape du déconfinement progressif annoncé par Emmanuel Macron dans un entretien avec la presse régionale. À partir d'aujourd'hui, les Français ne sont plus soumis aux restrictions de déplacement et à la règle des 10 km. La prochaine étape interviendra le 19 mai avec la réouverture encadrée des terrasses, des lieux de spectacle et des commerces – ainsi que le report du couvre-feu à 21 heures.
La menace des variants
Pour autant, la pression épidémique reste forte avec près de 10 000 nouveaux cas en 24 heures (et même 30 000 à 40 000 les jours précédents), certains taux d'incidence très élevés localement et toujours une pression importante sur les réanimations (avec 5 585 patients Covid+ en réa soit 110 % des capacités hospitalières avant la crise). C'est pourquoi la Fédération hospitalière de France (FHF) alerte sur la nécessité de « ne pas confondre vitesse et précipitation ». « Déconfiner est une perspective que tous les Français attendent avec impatience, encore faut-il ne pas fuir la réalité, très inquiétante dans les hôpitaux publics, et déconfiner quand la situation sanitaire le permettra réellement », s'inquiète Frédéric Valletoux.
La FHF appelle à regarder de plus près « la réalité des indicateurs de suivi de l'épidémie » dont le niveau est bien au-dessus de celui observé lors du premier déconfinement il y a un an. « Le nombre de décès journaliers dus au Covid continue d'osciller entre 200 et 400 quand le premier déconfinement s'était effectué dans une phase de décrue notable des décès quotidiens », détaille la FHF. Il en va de même, donc, pour le nombre de cas quotidiens détectés, l'occupation des services de réanimation et soins intensifs et même les déprogrammations « qui n’ont pas pu être rattrapées et vont encore s’accentuer sur le premier semestre 2021 ».
La baisse du nombre de tests réalisés inquiète également la FHF alors que de nouveaux variants pénètrent sur le territoire, ce qui impose « de renouveler la politique tester – tracer – isoler ». « La réalité épidémique en France ne permet pas d’envisager un desserrement à court terme », résume la Fédération.
Des schémas territoriaux de vaccination ?
« La vaccination est la seule solution apte à faire baisser la pression hospitalière et, en conséquence, à rendre palpable la perspective d'une levée progressive des mesures de restriction », recadre la FHF qui exhorte les pouvoirs publics à « consolider la stratégie vaccinale ». Elle prône à cet égard l'ouverture de la vaccination « à tous ceux qui le souhaitent » tout en maintenant un accompagnement renforcé auprès des personnes âgées ou à risque non encore vaccinées.
La fédération propose l'instauration dans chaque région de « schémas territoriaux de vaccination précis », établis de mai à septembre, et permettant de faire un point sur les personnels disponibles pendant les périodes de congés, à la fois hospitaliers et libéraux. « En effet, du fait des congés de nombreux professionnels de santé, qui risquent d'être concomitants, une impréparation sur ce sujet pourrait mettre en difficulté les personnes souhaitant se faire injecter une première dose de vaccin, ou de manière plus critique, les personnes ayant besoin de leur seconde dose », craint l'organisation. Il appartiendrait aux agences régionales de santé (ARS) de vérifier les capacités et les besoins et de mettre en œuvre ces schémas.
Martin Hirsch : le sort de l'hôpital « entre les mains des Français »
Interrogé par France Info sur la stratégie de déconfinement adoptée par le gouvernement, le directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) Martin Hirsch a insisté sur la responsabilité individuelle et collective dans cette période cruciale. « La circulation du virus dépend davantage de notre comportement à tous que des décrets, des arrêtés et de ces dispositions qui nous sont imposés », a-t-il déclaré.
Le patron du CHU francilien insiste sur l'importance du maintien des gestes barrières malgré le reflux de l'épidémie. « Le sort de l'hôpital est un peu entre les mains des Français », a-t-il lâché. Martin Hirsch place beaucoup d'espoirs dans la vaccination et « la capacité à se tester soi-même », « deux outils majeurs dont on ne disposait pas lors des vagues précédentes ».
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