Le volet grand âge du budget de la Sécurité sociale (PLFSS) est-il à la hauteur des enjeux ? Le gouvernement s'est targué jeudi à l'Assemblée nationale d'avoir créé « une véritable cinquième branche » de la Sécu, dédiée à l'autonomie et la dépendance. Les oppositions ont quant à elles épinglé une « branche morte car non financée ».
Avec 400 millions d'euros de mesures nouvelles pour 2022 et 1,3 milliard programmés à l'horizon 2025, le volet grand âge est au menu des députés, à défaut de grande loi spécifique. Il s'agit de respecter « le souhait de nos concitoyens de vieillir chez eux », une « priorité » que « les gouvernements n'ont pas su traduire » jusqu'alors, a plaidé la ministre déléguée à l'Autonomie, Brigitte Bourguignon, au coup d'envoi des débats jeudi.
Le projet de loi prévoit notamment d'instaurer au 1er janvier un « tarif plancher » national (et non départemental comme jusqu'alors) de 22 euros par heure de prestation pour les services d'aide à domicile, afin de sécuriser leur financement et de mieux rémunérer les salariés. Pour les Ehpad, la présence des soignants doit être renforcée et les recrutements accrus.
« Manque d'ambition », « tuyauterie »
« J'ai entendu certains douter » de la volonté de l'exécutif, mais « il n'en est rien », a assuré le ministre de la Santé Olivier Véran. « Nous avons réussi à créer une véritable cinquième branche », insiste-t-il. Lancée en 2020, celle-ci était jusqu'alors qualifiée de « coquille vide » par les oppositions, qui réclamaient une loi grand âge dédiée, comme promis sous ce quinquennat.
Mais la droite a pointé un exercice de simple « tuyauterie » budgétaire, les socialistes ont déploré de leur côté un « manque d'ambition ». La gauche a cherché en vain à imposer une surcotisation sur les dividendes ou les successions, pour financer la dépendance.
Au député LFI François Ruffin qui réclamait une meilleure reconnaissance des « métiers du lien » dont les auxiliaires de vie, Brigitte Bourguignon a décoché quelques flèches. « Nous n'avons pas attendu la sortie d'un film politique (« Debout les femmes ! », dont François Ruffin est réalisateur, ndlr) pour croiser le destin de ces femmes » qui « méritent mieux que les caricatures et les arrière-pensées électoralistes ».
Le gouvernement a déposé un amendement de dernière minute qui vise à élargir les critères pour bénéficier d'un congé proche aidant, et à l'indemniser au niveau du Smic, afin que davantage de personnes puissent soutenir un proche âgé, malade ou handicapé.
Le plan « métiers du grand âge » se concrétise
C'est dans ce contexte que Brigitte Bourguignon et Elisabeth Borne ont présenté mercredi un point d’étape du plan métiers grand âge/autonomie. Lancé il y a un an pour renforcer l’attractivité des métiers du secteur – inspiré des rapports de Dominique Libault et de Myriam El Khomri, ce plan s’articule autour des axes de travail suivants : hausse des rémunérations, renforcement des moyens humains, amélioration des formations et réduction de la pénibilité.
Jusqu’à présent, près des trois-quarts des recommandations du rapport de Myriam El Khomri ont été réalisées. Parmi elles, la hausse des salaires – entre 160 et 300 euros net mensuels – ayant bénéficié à près de 700 000 personnes, qu’ils travaillent en établissement ou à domicile. Pour répondre aux besoins de ce secteur qui compte de nombreux métiers en tension, « 12 600 places de formation ont été créées dont près de 5 000 pour des aides-soignants », plaide le gouvernement. En parallèle, le concours d’entrée pour les aides-soignants et accompagnants éducatifs et sociaux a été supprimé au profit d’un nouveau cycle de formation basé sur davantage de pratique à travers les stages.
Enfin, les deux ministres ont signé une convention d’engagement de développement des emplois et compétences (EDEC), qui fait partie du plan d’actions métiers du grand âge et de l’autonomie. Ce dispositif lance un cycle de travaux en partenariat avec les branches professionnelles. Financé par le plan d’investissement dans les compétences, cet accord-cadre repose sur trois volets : la promotion et le renforcement de l’attractivité des métiers pour attirer de nouveaux profils ; l’accompagnement à la montée en compétences des professionnels ; le renforcement des mobilités et des passerelles entre les métiers, les certifications et les secteurs.
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