En Italie, plusieurs régions lancent des maisons de santé, structures alternatives pour désengorger les hôpitaux.
Depuis décembre, neuf structures ont été ouvertes dans le Latium. L’objectif est de proposer aux assurés un système alternatif aux urgences prises d’assaut et de réduire les visites dans des hôpitaux à bout de souffle en raison des coupes budgétaires.
Les pouvoirs publics veulent convaincre les assurés que les maisons de santé représentent la solution incontournable grâce à leur mode de fonctionnement basé sur le regroupement des médecins et de professionnels de santé.
« Pour permettre aux centres d’avoir des plages horaires plus souples et sans interruption, la région a proposé aux médecins de transférer leur cabinet dans la maison de santé. Ils peuvent aussi choisir de travailler en dehors de leurs heures d’ouverture et d’être payés plus », explique Giorgio Cerquetani membre du département de coordination régionale des maisons de santé.
Réticence des médecins
Or, c’est justement sur cette proposition contractuelle que le bât blesse. Certains médecins n’adhèrent pas à ce concept. « Cette histoire de maisons de santé est une grande arnaque, nous confie le Dr S., sous couvert d’anonymat. Cela n’a aucun sens d’ouvrir ce type de structures dans les grandes villes. En transférant leurs cabinets, les médecins obligent leur clientèle à se déplacer ce qui est difficile pour les personnes âgées ».Il ajoute que les médecins n’ont aucun avantage économique et professionnel dans les maisons de santé.
« En fait, ce système qui centralise la médecine ne va pas du tout désengorger les hôpitaux. Les patients devront toujours être hospitalisés et les analyses poussées comme les radiographies, effectuées en milieu hospitalier. Tout cela, c’est seulement de la politique. »
Ce médecin n’est pas le seul à dire tout haut ce que de nombreux confrères pensent tout bas. « À voir la situation dans les hôpitaux, je n’ai pas l’impression que ces maisons de la santé marchent très bien. Tout cela, c’est de la propagande électorale. Le gouverneur Nicola Zingaretti a les dents longues et veut devenir président du Conseil à la place de Matteo Renzi. Du coup, il soigne l’électorat en proposant aux assurés de nouveaux services qui disons le carrément, ne fonctionnent pas du tout », avoue un autre médecin qui tient à préserver l’anonymat.
Pour ce praticien, la situation économique est inquiétante : « Il n’y a pas d’argent dans les caisses, la main-d’œuvre médicale manque cruellement mais on trouve tout de même le moyen de caser certains toubibs dans ces maisons de santé ».
Pour l’heure, pas de résultats officiels
Du côté de la région, on rétorque que cette opération a coûté trois millions d’euros, que des structures plus ou moins en désuétude ont été récupérées et que les médecins sont toujours en place dans ces structures malgré une activité réduite. « Il n’y a pas eu de recrutement. Nous sommes bien dans les clous et n’avons pas dépassé les limites fixées par le gouvernement en matière budgétaire », affirme Luca Begnini, responsable du département de programmation des maisons de santé dans le Latium.
Huit mois après l’ouverture de la première maison de santé, la région n’a pas encore dressé de bilan des activités. Officiellement, les chiffres n’ont pas encore été tous rentrés dans l’ordinateur...
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