Ne plus rien faire payer aux patients (reste à charge zéro) pour désengorger les urgences hospitalières ? La proposition, lancée jeudi par la Fédération hospitalière de France (FHF), peut sembler contre-intuitive, si on ne la lit pas jusqu'au bout. Elle intervient dans le contexte de la mise en place, depuis le 1er janvier, du nouveau forfait patient urgences (FPU) de 19,61 euros à débourser après un passage aux urgences non suivi d'une hospitalisation, forfait qui ne résoudra pas toutes les difficultés de ces services, alerte la FHF.
Sur le principe, la FHF n'est pas opposée au nouveau dispositif, qualifié « d'effort louable pour simplifier et rendre plus lisible le reste à charge ». Auparavant, « une participation du patient était déjà demandée, selon des règles complexes pour les établissements et inégalitaires pour les patients », écrit-elle ce jeudi.
Difficultés de recouvrement
Pour autant, les hôpitaux sont confrontés à de lourds et récurrents problèmes de recouvrement pour les patients arrivant sans papiers, sans moyens de paiement ou dépourvus de couverture sociale. Cette question ne sera pas réglée avec le forfait FPU, d'autant que les services administratifs des hôpitaux sont fermés lors des pics aux urgences, en particulier la nuit. « Forfait unique ou non, les patients continueront de se rendre aux urgences en l’absence d’alternative », souligne la FHF.
La solution ? Accélérer le déploiement du service d'accès aux soins (SAS), plateforme unique de gestion des appels urgents et non programmés, avec régulation médicale téléphonique pour orienter les patients vers la médecine de ville ou les urgences, et cette fois sans aucun reste à charge ! Cette réforme ambitieuse, voulue par le président de la République, a pris un retard considérable, à mettre sur le compte de la crise sanitaire.
Mais quand elle sera enfin déployée, la FHF propose donc de rendre ces parcours de soins SAS « gratuits » pour les patients, à l'hôpital comme en ville (pour une consultation de médecine générale par exemple). « Le reste à charge zéro pour les patients respectant les parcours de soins SAS est la seule mesure qui puisse permettre de désengorger les urgences tout en alliant efficacité financière et justice sociale », plaide Frédéric Valletoux, président de la FHF.
Forfaits facturés à l'Assurance-maladie
Le FPU n'est d'ailleurs que la partie visible pour les patients de la réforme du financement des urgences qui se joue de l'autre côté du comptoir des caisses des hôpitaux.
En effet, selon un arrêté paru le 27 décembre, chaque passage non programmé au sein d'une structure de médecine d'urgence non suivi d'une hospitalisation donne lieu à facturation à l'Assurance-maladie de forfaits âge urgences (FU) : 27,53 euros pour les moins de 16 ans, 35,21 euros pour les 16-45 ans, 41,11 euros pour les 45-75 ans et 49,27 euros pour les plus de 75 ans. A ce forfait selon l'âge du patient, peuvent s'ajouter des suppléments liés à son état clinique, lorsqu'un avis des spécialistes est requis, si la prise en charge a lieu la nuit ou le week-end et si le patient est arrivé en ambulance.
Biologistes médicaux furieux
Enfin, des forfaits peuvent être facturés en plus en cas d'examens radiologiques ou biologiques. Pour les seconds, le forfait dépend également de la tranche d'âge du patient et non des examens réalisés, à l'exception de ceux liés au Covid. Un mode de calcul qui a fait bondir le Syndicat national des biologistes des hôpitaux (SNBH). « Cette mesure sans implication des biologistes hospitaliers est purement économique et risque, une fois de plus, de pénaliser les laboratoires de biologie médicale hospitalière, privant les biologistes médicaux hospitaliers de leur expertise et de leur collaboration avec les cliniciens, note-t-il. Les prescriptions complémentaires souvent nécessaires à une bonne prise en charge des patients dans le cadre des urgences vont se détériorer. »
Padhue : Yannick Neuder promet de transformer les EVC en deux temps
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne