Les syndicats de personnels de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP, 38 établissements, 75 000 salariés hors médecins) sont sortis ce vendredi très remontés de l’ultime réunion avec le directeur général Martin Hirsch sur l’organisation du temps de travail.
« Provocation », « dialogue de sourds », « négociations dans l’impasse »… USAP-CGT, SUD, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA et CFDT (qui a boycotté la réunion) dénoncent sans détour l’attitude du patron du navire amiral parisien, accusé de vouloir mettre en place dans les établissements le plan d’économies exigé à l’hôpital par le gouvernement, sous couvert de réforme du temps de travail.
Climat tendu
L’intersyndicale (hors CFDT) acceptait d’entamer les discussions après retrait préalable du dernier document de travail sur lequel Martin Hirsch comptait s’appuyer.
Elle souhaitait également obtenir de la direction la fin de la « judiciarisation » des mouvements de grève (notamment à l’hôpital Beaujon) et l’arrêt des sanctions financières à l’encontre des grévistes. Les syndicats reprochent également à Martin Hirsch son « jeu de dupe ».
« Non content de nous faire croire à l’ouverture d’une négociation alors qu’il s’agit bien d’un plan d’économies sous un nuage de fumée sur l’amélioration de nos conditions de travail, Martin Hirsch met en œuvre simultanément sa réforme dans les établissements, où les cadres ont déjà reçu des consignes. C’est de la provocation ! », rugit Rose-May Rousseau.
La représentante de l’USAP-CGT pointe du doigt le « risque d’extension au niveau national du conflit social majeur qui prend de plus en plus d’ampleur » à l’AP-HP.
« Ne croyez pas voir dans nos deux heures de discussion la mise en route d’un dialogue social, renchérit Olivier Youinou, de SUD. Nous avons porté les revendications de l’intersyndicale. Le directeur est resté campé sur ses positions. C’est peu dire que le climat était tendu. »
Amplification du mouvement
Ouvert il y a un mois, le chantier sur l’organisation du temps de travail à l’hôpital a vu la colère des personnels croître au fur et à mesure que se succédaient les documents proposés par la direction.
Le boycott de la CFDT (qui se distingue par sa position sur les CDD et sa volonté de faire du protocole de la réduction du temps de travail signé en 2002, qui régit les 35 heures à l’hôpital, le document de référence de ces négociations) signe une nouvelle forme de radicalisation des personnels.
Le syndicat a déposé dès ce vendredi matin un préavis de grève pour le 11 juin, confirmant la date annoncée avant la rencontre du jour par l’ensemble des organisations.
Martin Hirsch avait pourtant amendé peu à peu son canevas originel. Après avoir biffé la mention des 20 millions d’euros d’économies nécessaires pour parvenir à l’équilibre financier à l’horizon 2016, le directeur de l’AP-HP avait promis aux personnels qu’ils n’auraient pas à supporter « la majorité des plans d’économies », axés en priorité sur le recours à l’intérim et au personnel de remplacement. Les agents (travaillant à 7 h 30 par jour) n’obtiendraient pas moins de 15 RTT et les cadres 20 RTT, avait tenté de rassurer Martin Hirsch.
Las, les personnels appellent aujourd’hui les salariés à poursuivre les assemblées générales et à « amplifier » la mobilisation.
Les médecins de la CGT en soutien
Après les praticiens hospitaliers du Mouvement de défense de l’hôpital public, la branche « médecins » de la CGT « soutient » également les personnels. Ces PH « sont parties prenantes du fonctionnement des services et ne peuvent rester indifférents à la dégradation constante des conditions de prise en charge des patients, et des conditions de travail des soignants, qui ne peuvent que s’accentuer si ce projet est mis en place ».
Contactée par « le Quotidien », la direction de l’AP-HP n’a pas donné suite.
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