Frédéric Valletoux, ministre délégué en charge de la Santé, est confronté à une équation délicate : moderniser les hôpitaux publics – et le faire savoir – dans un contexte d’économies budgétaires. Illustration avec l’inauguration , le 1er mars, du nouveau service d’urgences du CH intercommunal André-Grégoire de Montreuil, établissement indépendant de l’AP-HP qui reçoit 65 000 passages aux urgences par an et reste lourdement endetté, ce qui ne l’a pas empêché de mener à bien ce chantier de rénovation.
L’agence régionale de santé (ARS) Île-de-France a financé ce projet de modernisation et d’extension à hauteur de 12,5 millions d’euros. Ce chantier qui a duré cinq ans concerne les urgences adultes, pédiatriques, l’unité de très court séjour (UTCS) et l’imagerie. Il n’a engendré aucun arrêt d’activité ni de transfert de patients.
Ces chantiers redonnent de la perspective et de la profondeur
Frédéric Valletoux, ministre délégué en charge de la Santé
Citant en vrac la nécessaire remise à plat du financement de l’hôpital, la reconnaissance accrue des métiers paramédicaux ou encore les délégations de tâches à développer, Frédéric Valletoux qui a visité le service accompagné d’un cortège d’officiels (préfet, sénateur, conseiller régional, maire, directrice générale d’ARS), a insisté parallèlement sur les capacités d’investissement qu’il est indispensable de conserver pour redonner du lustre à l’hôpital. « Ce sont des chantiers qui donnent de la perspective et de la profondeur », a-t-il illustré à propos de l’hôpital de Montreuil.
Des urgences inadaptées aux besoins
Pourquoi a-t-il fallu reconstruire et agrandir les urgences ? Éric Mallet, directeur patrimoine maintenance sécurité investissement du groupement hospitalier de territoire (GHT) Grand Paris Nord-Est* explique que « ces urgences avaient été pensées dans les années 90 et donc plus du tout adaptées aux besoins actuels ». Le personnel comme les patients se retrouvaient très à l’étroit. Les urgences pédiatriques n’occupaient que 80 m2,l’équivalent d’un F4, leur surface a été finalement multipliée par trois.
Cet ingénieur a été confronté à un casse-tête permanent pour regagner de la surface. Par exemple, il a fallu « entresoler le patio » pour le transformer en espace utilisable. Il relate aussi les demandes moyennes d’un chef de service hospitalier, soit 28 à 30 lits et 18 m2 par chambre. Ajoutez la surface nécessaire pour un poste de soins et des lieux de réserves et vous aurez la surface utile de l’activité (SU). Au final, on arrive à passer de 2 500 à 3 850 m2.
Nombre de contraintes étaient inhérentes au projet, comme l’agrandissement du service d’accueil, la séparation des deux services d’urgences (adultes et pédiatrie), tout en conservant un accès à la traumatologie qui soigne les deux publics. Pour y remédier, une des solutions a été de créer des boxes spécifiques à chaque activité mais aussi 4 boxes bifaces pouvant être utilisées pour la traumatologie.
Durant les travaux, la PDS continue
Autre difficulté, selon Éric Mallet : « Comment continuer la permanence des soins en respectant les critères d’hygiène et de sécurité ? Cela n’est écrit dans aucun manuel ! Il faut avoir de bonnes connaissances des contraintes médicales, de sécurité et du patrimoine existant. Nous devons consulter tous les acteurs hospitaliers dont les médecins ». Concrètement, les travaux ont été réalisés par tranche, obligeant certains services à être transférés sur le même site dans des lieux provisoires, ce qui a accru l’inconfort des personnels .
Concernant le calendrier, les travaux ont commencé en septembre 2020 et ont pris fin en septembre 2021 pour l’unité de radiologie. Il a fallu encore six mois pour construire le nouveau service de pédiatrie, et un an et demi pour celui des urgences adultes.…
D’autres projets sont dans les tuyaux au sein de l’hôpital, comme la modernisation de l’unité de soins intensifs en cardiologie (4 chambres), avec un demi-étage du bâtiment à rénover pour une surface de 900 m2. La remise aux normes de deux salles d’endoscopie est au programme. Le tout pour un budget de 20 millions d’euros.
Construire les deux autres sites hospitaliers du GHT
Après ces chantiers à Montreuil, d’autres seront entrepris au niveau du GHT. Un hôpital flambant neuf sera construit sur la commune de Montfermeil et verra le jour en 2030, l’ancien n’étant plus aux normes et adapté aux besoins de l’existant. « L’hôpital n’est plus à même de pouvoir s’organiser, d’avoir des flux et une organisation pour gérer une médecine moderne. Les bâtiments ne peuvent pas faire face. » Sur le site d’Aulnay-sous-Bois, le service de psychiatrie et 13 nouveaux blocs opératoires doivent être reconstruits, tout en maintenant l’activité pour une surface de 12 000 m2 et pour 50 millions d’euros.
* Ce GHT regroupe le centre hospitalier intercommunal André-Grégoire de Montreuil, le groupe hospitalier intercommunal Le Raincy-Montfermeil et le centre hospitalier intercommunal Robert-Ballanger d’Aulnay-sous-Bois.
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