Quelle a été la surprise de ce patient hospitalisé pour de violentes douleurs abdominales, le 26 octobre dernier, aux urgences du centre hospitalier de Langres ? Au bout de 24 heures, son état nécessitant plusieurs journées d’hospitalisation, il se voit transféré dans le garage du Smur, faute de lits disponibles. « Quand on n’a plus de places ici, ce n’est pas compliqué. On ouvre le garage et on y met les patients », lui aurait répondu le personnel, rapporte Le Journal de la Haute-Marne.
Le patient a même filmé une vidéo montrant que quatre personnes étaient prises en charge dans cette « salle de triage », selon nos confrères. « Ce garage est tout bonnement infâme. On sépare les malades avec un paravent, on met un drap par-dessus et le tour est joué. Il y a une ventilation mécanique et un bruit d’enfer, c’est incroyable. Il n’y a pas de toilettes, vous n’avez rien : c’est un garage », s'est-il aussi alarmé au micro d'Europe 1.
Choqué, le patient aurait demandé dès le lendemain à pouvoir rentrer chez lui, adressant des courriers à l’hôpital, au ministère de la Santé et à l’agence régionale de santé (ARS) Grand Est. Des courriers restés sans réponse, hormis l’ARS qui a ouvert une enquête.
En réponse au Quotidien, l’ARS confirme ce mardi avoir pris connaissance de cette anomalie de prise en charge il y a quelques jours. Des faits similaires dans cet établissement avaient toutefois été signalés dès 2023 à l’ARS, ce qui avait conduit la tutelle régionale à diligenter une inspection en urgence.
À l’issue de cette inspection, l’ARS avait émis le 30 juin 2023 « une injonction de cesser immédiatement l’utilisation inacceptable du local “garage SMUR” pour l’installation de patients relevant potentiellement de l’unité d’hospitalisation de courte durée ». L’ARS avait assorti cette injonction de recommandations complémentaires « afin de retrouver des pratiques garantissant une bonne qualité et sécurité des soins pour les patients ». De son côté, l’hôpital avait assuré, preuves à l’appui, avoir rendu le local à ses fonctions initiales et apporté des garanties pour que la situation ne se reproduise pas, avec notamment l’engagement de travaux.
Nous souhaitons mobiliser avec l’établissement toutes les actions nécessaires pour mettre un terme définitif à de telles pratiques.
Agence de régionale de santé Grand Est
Désormais, l’ARS affirme mener des investigations pour « comprendre dans quelles conditions un patient a pu de nouveau se trouver hospitalisé dans ce local ». L’agence souhaite aussi mobiliser avec l’établissement « toutes les actions nécessaires pour mettre un terme définitif à de telles pratiques ». Quant à l’hôpital de Langres, il n’a pas été en mesure de répondre pour l’instant aux sollicitations du Quotidien.
Tension sanitaire
Département rural à 80 %, la Haute-Marne manque cruellement de personnel médical et paramédical. Fin septembre, une manifestation avait rassemblé quelque 6 000 personnes à Langres pour rejeter le projet de santé de l’ARS. La tutelle sanitaire a programmé la construction de deux hôpitaux neufs à Langres (urgences, centre de périnatalité, soins de proximité) et Chaumont (établissement de recours, chirurgie, maternité, etc.) et le renforcement du centre hospitalier de Bourbonne-les-Bains, mais avec une gradation des soins.
À l’inverse, le collectif égalité santé (regroupant notamment 500 blouses blanches et de nombreux élus locaux) défend l’implantation d’un plateau technique « au milieu du territoire », à équidistance des trois villes, à Rolampont, desservie par l’A31. Une agence d’attractivité a été créée par le département.
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