En grève depuis le 16 octobre, les sages-femmes vont voir les médecins associés à leur réflexion sur la création d’un statut de praticien hospitalier propre à leur profession.
À la demande du collectif de sages-femmes à l’origine du mouvement de grogne (toujours suivi à 70 %), Édouard Couty a convié les cinq syndicats de praticiens hospitaliers (INPH, Avenir hospitalier, CMH, CPH et SNAM-HP) à un groupe de travail qu’il pilote lundi sur le sujet.
Convaincre les médecins
« Nous allons avant tout rassurer les praticiens, en leur expliquant que nous ne sommes pas médecins hospitaliers et que nous ne souhaitons pas le devenir, a développé jeudi Caroline Raquin, représentante du collectif, lors d’une assemblée générale des sages-femmes d’Ile-de-France. Nous allons aussi expliquer à ceux qui ne sont pas obstétriciens en quoi consiste notre métier. »
« La ministre ne va pas convaincre les médecins à notre place du bien-fondé de nos revendications, c’est à nous de faire le job », a-t-elle ajouté.
Les sages-femmes souhaitent en premier lieu rallier à leur cause Avenir hospitalier, considéré comme un « jeune » syndicat, présidé par une femme (le Dr Nicole Smolski), qui soutient de surcroît leur demande de revalorisation salariale.
« Les PH estiment […] difficile la transposition de leur statut aux sages-femmes, ou alors il faudra également leur transposer les mêmes servitudes : les journées de 24 heures, la durée moyenne de travail estimée à 55 heures minimum par semaine, la retraite à 67 ans, et l’entière responsabilité médico-légale », écrivait toutefois le Dr Smolski dans un récent communiqué.
La santé des femmes bradée ?
En cherchant du soutien auprès des PH, les sages-femmes tentent d’apporter une légitimité nouvelle à leur démarche, loin de faire l’unanimité chez les médecins.
Leur volonté de mettre en place le dépistage organisé et la consultation gynécologique de prévention et de santé sexuelle pour les moins de 20 ans dans le cadre de la « révolution du premier recours » fait grincer les dents de certains gynécologues.
« Céder aux sages-femmes sur le premier recours, c’est brader la santé des femmes et revenir loin en arrière », dénonce la Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale dans une pétition en ligne qui scandalise les professionnelles grévistes.
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