Marisol Touraine a détaillé ce mardi matin plusieurs mesures visant à répondre à la demande de reconnaissance des sages-femmes hospitalières et libérales, en grève pour une partie de la profession depuis quatre mois et demi.
La ministre de la Santé a annoncé la création d’un « statut médical de sage-femme des hôpitaux ». Contrairement au praticien hospitalier (PH), ce nouveau statut sera instauré dans la fonction publique hospitalière. Selon Marisol Touraine, il permet « la reconnaissance du caractère médical de la profession » et répond donc aux attentes des grévistes. « La gestion des sages-femmes va relever directement de la direction en charge du personnel médical, a détaillé la ministre. Les cadres paramédicaux n’auront plus d’autorité sur les sages-femmes, en aucun cas. Ce statut renforcera aussi la représentation des sages-femmes au sein des commissions médicales d’établissement. »
Interrogée sur les raisons de ce choix, la ministre a rappelé que « les sages-femmes doivent obtenir un statut médical mais ne sont pas des médecins ».
Pilote des nouvelles unités fonctionnelles
Leurs compétences seront mieux identifiées, promet aussi Marisol Touraine. À l’hôpital, la ministre souhaite mettre en place, en guise de reconnaissance, une cotation spécifique des actes réalisés en propre par les sages-femmes (rendant plus visible leur contribution à l’activité hospitalière).
La profession pourra piloter les nouvelles unités physiologiques inscrites dans le projet médical d’établissement, après accord avec les médecins. « C’est la première fois que cette responsabilité pourra être attribuée à une sage-femme », a assuré Marisol Touraine.
Les sages-femmes hospitalières exerçant à temps plein auront la possibilité de bénéficier des missions d’intérêt général lors de vacations en ville, dans les réseaux périnatalité, en services de protection maternelle infantile (PMI), en maison de santé pluridisciplinaire, etc. Les programmes de recherche clinique et médicoéconomique leur seront également ouverts.
Concertation sur la revalorisation en avril
Marisol Touraine a aussi rappelé son « engagement » dans le processus de revalorisation de la rémunération des sages-femmes. « Une concertation sous l’égide de la direction générale de l’offre de soins (DGOS) va s’ouvrir en avril, dont je souhaite qu’elle aboutisse dans un délai extrêmement rapide », a-t-elle assuré.
Concernant la formation, la qualité de maître de stage sera « consolidée » et les conditions de vie de l’étudiant en maïeutique « améliorées » par une meilleure protection sociale et une rémunération alignée sur celles des étudiants en médecine de 4e et 5e année, a dit Marisol Touraine.
Enfin, une campagne de communication en direction du grand public sur le rôle et la place des sages-femmes dans le système de santé sera lancée dans l’année.
Déception
Pilote du groupe de travail sur le statut des sages-femmes à l’hôpital, Édouard Couty affirme « avoir tout mis sur la table » depuis l’ouverture des discussions, il y a trois mois. Le magistrat justifie la décision de ne pas avoir ouvert le statut de PH aux sages-femmes du fait que « contrairement aux médecins, pharmaciens et chirurgiens, elles n’ont pas affaire à des malades ».
Cet arbitrage devrait satisfaire les représentants des praticiens hospitaliers, profondément opposés à cette revendication des sages-femmes, et une partie des sages-femmes, pour qui la sortie de la fonction publique aurait été synonyme de précarité.
En revanche, pour beaucoup de professionnelles, et leur collectif de défense dont la revendication principale était l’obtention d’un statut de PH, c’est la douche froide. Membre du collectif, Adrien Gantois assure que le nouveau statut médical n’est qu’une « petite paillette » à côté du statut de PH, qui aurait apporté une « véritable autonomie à la profession ». « À partir du moment où l’on reste dans la fonction publique, on ne peut qu’être mécontent de toutes les autres mesures qu’on nous propose », argumente-t-il, déçu.
Une nouvelle assemblée générale dans les jours qui viennent devrait décider de la suite à donner au mouvement. À Rennes, les sages-femmes grévistes ont déjà annoncé une opération escargot ce mardi après-midi sur la rocade de la ville.
Investissement en santé : malgré l’urgence, pourquoi ça coince encore
Suicides de soignants à l’hôpital : Vautrin, Borne et Neuder visés par une plainte, ainsi que l’AP-HP
Opacité tarifaire, pratiques commerciales trompeuses… Les cliniques rappelées à l’ordre par Bercy
Vers un moratoire sur les fermetures des maternités ? Les obstétriciens du Syngof disent non