Ce vendredi 13 décembre marque le neuvième jour de grève dans les transports franciliens, et les personnels hospitaliers commencent à s'impatienter. Médecins, internes et paramédicaux rencontrent des difficultés pour se rendre sur leur lieu de travail, retardant par conséquent les prises en charge des patients.
Mélissa, pédiatre dans un hôpital public de l'Essonne, a exprimé sa colère sur les ondes d'« Europe 1 » à propos du manque de « service minimum », qui pénalise trop fortement les équipes hospitalières. « Cette grève met vraiment en souffrance des équipes déjà fragilisées, témoigne-t-elle. Des infirmières sont obligées de se lever à 3 heures ou 4 heures du matin pour arriver à 8 heures… »
Le blocage des transports en commun rend également difficile la venue des équipes. Chez les internes, certains exerçant en périphérie parisienne ne rentrent même plus chez eux le soir et privilégient un lit hospitalier. D'autres ont opté pour des solutions alternatives. « Pour ceux qui travaillent en périphérie, c'est la galère des transports, certains ont investi dans un vélo juste pour pouvoir se rendre à l'hôpital, d'autres ont monté des covoiturages », explique au « Quotidien » Julien Flouriot, président du Syndicat des hôpitaux de Paris (SIHP).
Toutefois, la tension est palpable selon le président du syndicat. Les internes sont eux-mêmes en grève illimitée depuis le 10 décembre, ce qui complexifie la situation des services. « Nous avons notre grève en même temps, il y a eu une cinquantaine d'assignations abusives d'internes, cinq hôpitaux ont d'ailleurs été mis en demeure. Les internes sont de plus en plus fatigués et l'ambiance dans les services est tendue », ajoute-t-il.
Pénibilité en plus
Face aux temps de trajet interminables pour certains paramédicaux qui habitent hors de Paris, le Pr Jean-Daniel Chiche, chef de service en médecine intensive et réanimation à l'hôpital Cochin (AP-HP), a dû lancer une bouteille à la mer. Sur le réseau social professionnel Linkedin, il a demandé « une chambre, un appartement, un logement » pour ses équipes, « à distance raisonnable de l'hôpital Cochin ». Près de 200 personnes ont répondu à son message.
Aux urgences de Lariboisière (AP-HP), la situation est également compliquée. Contacté par « le Quotidien », le Dr Arnaud Depil-Duval, médecin dans le service, explique que l'absence de transports retarde beaucoup de personnels, donc les prises de poste et les transmissions en fin de service. « Cela rajoute de la pénibilité à des métiers déjà durs. Certains sont obligés de dormir sur place, mais ce n'est pas reposant comme une nuit chez soi et tout le monde sait que la fatigue génère des erreurs », souligne le Dr Depil-Duval, qui habite lui-même à Rouen.
Les conséquences pour les patients inquiètent le médecin. « Une aile de l'unité d'hospitalisation de courte durée (UHCD) a dû être fermée, car le personnel paramédical était bloqué et ne pouvait se rendre sur Paris. On hospitalise des patients dans le couloir à cause d'une grève de transports, lance le PH. Les camions de SMUR qui doivent sortir se retrouvent aussi bloqués dans les bouchons, l'autre jour l'un d'eux a mis 30 minutes pour aller dans le quartier Barbès, au lieu d'à peine cinq minutes d'habitude. Pour un problème cardiaque, ça fait la différence… »
Places d'hébergement et navettes
Face à ces nombreuses difficultés, l'AP-HP a indiqué avoir pris une série de mesures. Sept appartements, normalement destinés aux nouveaux arrivants, sont mis à disposition pendant la grève. À cela s'ajoutent 450 places d'hébergement : les lits des hôpitaux de semaine sont mis à disposition le week-end, ceux des hôpitaux de jours sont disponibles la nuit, a indiqué la direction à l'AFP. En tout, 1 200 personnes ont été hébergées depuis le 4 décembre, dans le groupe hospitalier Paris centre (Cochin, Hôtel-Dieu, Broca, La Collégiale, Necker, Georges-Pompidou, Corentin-Celton). Des garderies ont aussi été installées, en plus des crèches déjà existantes au sein des hôpitaux.
Un système de cars, avec trois navettes par jour reprenant le trajet des lignes de RER, est également prévu. Les premiers départs se font à 5 heures du matin pour arriver à 6h30 à l'hôpital, et la navette repart à 7 heures pour ramener le personnel de nuit chez lui. L'AP-HP s'est aussi associée avec une plateforme de covoiturage pour les trajets domicile/travail. Enfin, pour ceux qui louent des vélos mécaniques ou électriques, certains établissements sont disposés à rembourser les locations.
Le directeur général de l'AP-HP Martin Hirsch a par ailleurs affirmé son soutien à tous les personnels de ses hôpitaux « par ces temps difficiles ».
Lettre de soutien de @MartinHirsch aux équipes de l’@APHP pic.twitter.com/7LU0VXgJR0
— Christophe Trivalle (@CTrivalle) December 10, 2019
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