Dr Caroline Brémaud (CH de Laval) : « Il y a une volonté non assumée de mettre KO l’organisation des urgences »

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Publié le 26/08/2024
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Alors que la direction de l’hôpital de Laval indique que les urgences ne fermeront pas en septembre, la Dr Caroline Brémaud, ancienne cheffe des urgences du centre hospitalier, ne comptabilise que six nuits opérationnelles.

Dr Caroline Brémaud

Dr Caroline Brémaud
Crédit photo : DR

LE QUOTIDIEN : Les urgences du centre hospitalier de Laval resteront-elles ouvertes en septembre ?

À Laval, nous serons vraiment opérationnels six nuits, à savoir 4 jeudis et 2 lundis. Dans la réalité, les urgences ne sont donc pas opérationnelles à 100 %. Le reste du temps, nous faisons effectivement quelques admissions, même avec la porte close. La direction de l’établissement joue sur les mots. La porte de nos urgences n’est pas complètement fermée, car nous réalisons quand même des admissions, ce que j’appelle “fermé-régulé”.

Les services d’urgences d’autres hôpitaux du département comme celui de Château-Gontier sont fermés complètement quand ils manquent de médecins parce que n’ayant pas de Smur et n’étant pas en capacité d’assurer les urgences vitales. Quant à notre service, nous faisons appel au médecin du Smur. Mais s’il est en intervention et qu’une urgence vitale se présente, l’interne se fait épauler par le régulateur pour cette prise en charge. Par exemple, quand je régule, je fais admettre les patients qui relèvent de la compétence d’un interne, comme un patient alcoolisé ou présentant des troubles psychiatriques qui doit être surveillé ou une personne âgée ayant une fracture qui sera hospitalisée le lendemain matin.

La direction de l’hôpital est-elle dans le déni ?

Elle ne répond pas sur le nombre de nuits pour lesquelles nous serons pleinement opérationnels. Pire, elle nous met des bâtons dans les roues pour recruter des médecins ou des soignants. Il y a une volonté non assumée de mettre KO l’organisation des urgences pour reconstruire derrière, que ce soit en local mais aussi au national. Il n’y a pas de transparence ni d’honnêteté.

Jean Castex nous avait pourtant donné 80 millions d’euros pour construire un nouveau bâtiment d’urgences-réanimation dont nous n’avons toujours pas vu la moindre pierre. En 2022, les études de médecine d’urgence ont été allongées d’un an, ce qui a bloqué l’arrivée de nouveaux urgentistes. Et à la rentrée 2024, nous aurons 1 500 internes en moins [sur tout le territoire] qui n’ont pas apprécié la réforme des études classantes nationales et qui ont préféré redoubler…

Les urgentistes de votre service sont-ils solidaires de vos interventions très critiques dans les médias ?

Ce matin, lorsque nous nous sommes retrouvés avec les collègues pour la transmission, nous nous sommes dit que nous n’allons pas en rester là.

La direction de l’hôpital de Laval défend « une adaptation continue de l’organisation des urgences »

Selon la direction de l’hôpital, sollicitée par Le Quotidien en réponse à l’alerte lancée par la Dr Caroline Brémaud, « le centre hospitalier de Laval n’a jamais fermé et ne fermera pas son service d’accueil des urgences ». La gouvernance de l’établissement « adapte régulièrement » le fonctionnement de son département de médecine d’urgence (DMU), explique-t-on, afin de maintenir la qualité de la permanence des soins 24 h/24. L’outil principal passe par la régulation pour réorienter les patients ne nécessitant pas de soins urgents.

Concernant l’organisation de cet été, les urgences vitales ont continué d’être prises en charge 24H/24 avec un accès au plateau technique complet de l’établissement, tout comme celle des urgences obstétricales, pédiatriques, médico-psychologiques et cardiologiques. Toutefois, concède la direction, « l’adaptation de l’organisation des urgences est en cours de finalisation », avec l’appui des acteurs concernés, dont l’agence régionale de santé (ARS) afin de veiller à la sécurité des soins de proximité.


Source : lequotidiendumedecin.fr