L'alerte a été donnée dans la soirée du mercredi 2 juin. Le SAMU, les pompiers et la police ont signalé de graves difficultés de réception des appels à travers la France. Une cellule interministérielle de crise a été immédiatement activée.
Jeudi matin, Gérald Darmanin a fustigé des « dysfonctionnements graves et inacceptables » de cette panne nationale chez l'opérateur Orange qui a entravé massivement l'accès aux numéros d'urgence (15, 17, 18, 112) entre 17 h et minuit. Le black-out a été causée par « un incident technique sur un équipement de type routeur qui achemine le trafic », selon Orange.
De nombreux services de secours étaient alors difficiles à joindre à travers la France. Matignon a annoncé qu'une inspection a été diligentée pour connaître l'origine de cette défaillance et « en tirer toutes les conséquences ».
Les excuses d'Orange
Selon le ministre de l'Intérieur – en milieu de journée –, cette panne pourrait avoir causé la mort de trois personnes. Un patient souffrant d'une « maladie cardiovasculaire » serait décédé dans le Morbihan, faute d'avoir « pu joindre les services de secours à temps ». Le centre hospitalier de Vannes a souhaité l'ouverture d'une enquête judiciaire, a annoncé jeudi son directeur.
Deux « autres accidents cardiovasculaires » ont eu lieu à la Réunion, a ajouté Gérald Darmanin, sans affirmer « si le temps (avant l'arrivée des secours, NDLR) a été particulièrement long et s'il est imputable à ce numéro d'urgence ». « Ce qui est sûr, c'est que les personnes ont témoigné qu'elles ont essayé d'appeler plusieurs fois et qu'elles n'ont pas réussi tout de suite à avoir des opérateurs », a expliqué M. Darmanin.
Le P-DG d'Orange, Stéphane Richard, convoqué au ministère de l'Intérieur dès jeudi matin, a présenté « ses plus vives excuses » aux personnes touchées, jeudi sur son compte Twitter.
Numéros de substitution
Dans la soirée, l’ensemble des services d’urgence (police-gendarmerie, service d’incendie et de secours, SAMU) s’était adaptée, sous la coordination de l’autorité préfectorale, pour proposer des numéros de substitution à 10 chiffres, comme en Île-de-France.
Si le réseau refonctionnait depuis minuit, il reste « sous surveillance », a confirmé Orange. « Nos concitoyens doivent désormais retourner vers les numéros d'urgence, le 18, le 17, le 15, et s'ils n'y arrivent pas, utiliser les numéros de contournement que nous gardons au moins ce matin », confirme le ministre de l'intérieur.
Les numéros d'#urgence 15-17-18-112 ont été rétablis sur l'ensemble du territoire. Par mesure de précaution, les numéros alternatifs resteront actifs jusqu’à ce que l’incident technique soit totalement clôturé.https://t.co/pL9w0ecSZR
— Ministère de l'Intérieur (@Interieur_Gouv) June 3, 2021
Réforme du numéro unique
Cet incident gravissime intervient en pleine discussion parlementaire autour d'une proposition de loi du député (LREM) Fabien Matras qui a ravivé l'opposition entre SAMU, pompiers et police autour de la question sensible du numéro unique pour la santé et les secours.
Pour la Fédération nationale des sapeurs pompiers, cette « gigantesque panne » démontre « le besoin de modernisation sur le plan infrastructurel comme organisationnel, en prenant en compte les nouveaux usages et outils informatiques. » « Applications pour smartphones, réseaux sociaux, mais aussi objets connectés et mails doivent être pris en compte pour communiquer l’alerte », écrit-elle, avant d'appeler à une profonde réorganisation de la réception des appels. Les pompiers plaident une nouvelle fois en faveur du « 112 pour l'urgence », fusionnant tous les numéros d'appel pour « davantage de lisibilité » à leurs yeux.
Une simplification des « rouges » qui fait bondir les « blancs ». Réunis ces jours-ci en congrès, les urgentistes hospitaliers et SAMU militent de leur côté en faveur d'un numéro « de santé » regroupant les appels d'urgence et les soins non programmés.
Le secours est une chose, la santé une autre
— Samu-Urgences France (@SUdF_Officiel) May 24, 2021
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Cette solution est aussi soutenue par la Fédération hospitalière de France (FHF) autour de deux numéros distincts mais lisibles : l’un centralisant les urgences médicales (le 113 qui correspond au service d’accès aux soins – ou SAS) ; l’autre réunissant les appels police/secours (112). Dans ce contexte très lourd, la FHF réclame ce soir « la suspension de l’examen de la proposition de loi Matras au regard des circonstances et des tentatives de récupération des drames intervenus hier ». Pour Frédéric Valletoux, président de la FHF, il « serait impensable de légiférer dans cette cacophonie »
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