Un moindre recours aux urgences, une charge de travail inégale selon les spécialités et un état de santé fragilisé de la population : tels ont été les effets mesurés, après la première vague, par quatre spécialités interrogées dans le cadre d'une enquête* Apple Medical Search (Randstad), et qui a mobilisé 229 médecins.
Plus de sept praticiens sur dix jugent ainsi que la crise a permis de désengorger les urgences – les patients ne se déplaçant qu'en cas de nécessité. Un effet qui pourrait être durable.
Mais cette moindre fréquentation des urgences n'a pas pour corrélation un meilleur état de santé général. Bien au contraire, plus de huit médecins sur dix estiment que « l'état de santé de certains patients s'est dégradé car le suivi médical n'a pas pu être assuré », sous l'effet des renoncements aux soins ou des arrêts d'activité. Ce sentiment d'une détérioration de l'état de santé est massif chez les généralistes (93 %) et les gériatres (90 %). Les urgentistes sont plus mesurés (80 %).
Charge de travail : variable !
Cette crise a mis sous forte tension le secteur hospitalier. Près de sept réanimateurs sur dix (67 %) déclarent que leur charge de travail a fortement augmenté pendant la crise – avec des différences significatives entre l’hôpital public (81 %) et le secteur privé (54 %). L’augmentation de leur charge de travail est avant tout liée à la croissance du nombre de gardes (80 %), à une prise en charge des patients plus complexe et plus lourde (63 %) et à une augmentation du nombre de malades à prendre en charge (59 %). Plus de la moitié des gériatres ont également été sur-sollicités durant la première vague. En revanche, un urgentiste sur deux a vu son activité baisser (alors que 37 % d'entre eux estiment que leur charge de travail a fortement augmenté).
De l’autre côté du spectre, sans surprise, trois quarts des généralistes ont enregistré une diminution marquée de leur activité. Cette chute s'explique d'abord par la baisse du nombre de la fréquentation des cabinets libéraux (98 %), que n'a pas compensé la hausse des téléconsultations.
Quelles évolutions ?
Les spécialités ont été consultées sur les pistes d'amélioration du fonctionnement des urgences. Pour 80 % des urgentistes, il serait souhaitable de proposer des consultations courantes avec des généralistes au sein même des urgences. Et près des trois quarts (73 %) estiment nécessaire de renforcer la médecine de ville pour « filtrer les patients en amont des urgences ». La même proportion plaide pour un système de garde libéral renforcé afin de désengorger les arrivées à la porte des hôpitaux. Les médecins généralistes, eux, plaident pour une responsabilisation accrue des patients : 76 % d’entre eux défendent l'idée de facturer aux patients le recours « abusif » aux urgences.

* Étude Futuramed/Sthetos réalisée par questionnaire auto-administré en ligne de juillet à septembre 2020 dans quatre spécialités : 30 urgentistes, 61 gériatres, 61 réanimateurs, 62 généralistes.
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