Incendie de Lubrizol à Rouen : des médecins veulent lancer leur propre étude d'impacts sanitaires

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Publié le 06/11/2019

Crédit photo : AFP

Un groupe de travail de 15 médecins, membres de la toute jeune association Rouen Respire (déclinaison locale de l'association nationale Respire pour la préservation et l’amélioration de la qualité de l’air) a posé les bases d'une étude évaluant les impacts sanitaires, psychologiques et économiques de l'incendie de l'usine Lubrizol du 26 septembre dernier.

Le Dr Jean-Christophe Auffret, ancien médecin coordinateur du SAMU du Havre et spécialiste de la médecine de catastrophe, dirige le groupe de travail. « Il y a 15 jours, notre groupe n'existait pas, explique ce jeune retraité (l'incendie a coïncidé avec son départ en retraite). Notre groupe comprend de nombreuses spécialités : médecine du travail, chirurgie, épidémiologie, psychiatrie… »

Fort de ces compétences, le groupe a établi un questionnaire pluricatégoriel de 120 items. Destiné à être remplis en ligne, le document comprend un questionnaire symptomatologique, des questions sur l'impact de l'événement sur le mode de vie et l'environnement quotidien, sur le retentissement sur les membres de la famille et une composante juridique destinée à obtenir des réparations. La grande majorité des questions sont fermées pour faciliter l'analyse statistique.

Une population mal préparée

Une autre partie est chère aux yeux du Dr Auffret. Elle concerne la manière dont la personne interrogée a vécu l'événement : par quel biais il a été informé ? Quel a été son comportement au moment ou le nuage parcourait la ville ? Quels sont les messages qu'il a reçus ? « Il faut poser la question de la préparation de la population », explique le Dr Auffret qui a participé à la mise en place de structures d'alerte dans la ville du Havre.

« Ce qui s'est passé à Rouen n'aurait jamais eu lieu au Havre où nous avons établi de nombreux plans de réaction d'urgence en fonction du type de catastrophe, de la météo, etc., juge-t-il. Nous avons mené des exercices avec plus de 600 victimes. Rien de tout cela n'a été mis en place à Rouen où nous avons plusieurs sites seveso au milieu de la ville. »

Une étape réglementaire

Le questionnaire étant achevé, le groupe de travail du Dr Auffret va maintenant se heurter aux aspects réglementaires de leur entreprise. « Notre étude doit subir une analyse juridique par le Conseil de l'Ordre avant qu'il puisse nous aider à la diffuser, précise le Dr Auffret. Nous devons aussi monter un dossier auprès de la Commission nationale de l'informatique et des libertés. »

Le Dr Auffret et ses collègues espèrent lancer leur étude le plus rapidement possible. Cette dernière devant aussi servir à dépister les patients souffrant des conséquences de l'exposition aux produits toxiques. « On a eu un risque majeur d'intoxication collective avec des produits dangereux à moyen et long terme, nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre jusqu'en mars ou juillet 2020 ! », prévient le Dr Auffret qui fait référence à l'enquête de santé qui sera menée par l'agence Santé publique France à partir de mars 2020.


Source : lequotidiendumedecin.fr