« Pourquoi faire gratuit quand on peut faire du profit ? » L'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) s'indigne ce mardi de l'annonce par la maison d'édition Alinéa Plus d'une plateforme d'entraînement payante du collège des universitaires de maladies infectieuses et tropicales (CMIT), baptisée « ePOPI étudiant », pour préparer les carabins aux épreuves classantes nationales (ECNi).
ePOPI étudiant se présente comme est une « nouvelle plateforme d’entraînement de référence » du CMIT pour la préparation des ECNi en infectiologie et au-delà pour la validation du deuxième cycle des études médicales. Son objectif est de proposer des exercices à type de dossiers progressifs (DP) et de questions isolées (QI) en lien avec les items de maladies infectieuses et tropicales de l’i-ECN.
La connaissance privatisée ?
À l’origine destinée aux praticiens avec des fiches sur les maladies infectieuses et tropicales (pour 33 euros par an), la plateforme ePOPI s'est élargie aux étudiants... « Elle propose en plus des fiches, des dossiers cliniques progressifs et des questions isolées sur cette spécialité, le tout à 48 euros ! », dénonce Sébastien Villard, en charge des études médicales à l'ANEMF.
Dans la ligne de mire des étudiants, le collège de spécialité des maladies infectieuses et tropicales, accusé de « privatiser la connaissance ». Un non-sens pour les carabins. « La démarche est scandaleuse. Les enseignants du collège sont payés par l'Université pour préparer les étudiants aux ECNi et mettre gratuitement les entraînements sur la plateforme SIDES, qui fonctionne très bien. Quel autre but que celui de s'enrichir ? Et de jouer sur l'anxiété du concours ? », ajoute Sébastien Villard.
Dans un contexte de précarité étudiante (« 1,29 euro/heure en quatrième année »), l'ANEMF exhorte le collège à donner un accès gratuit aux fiches d’infectiologie, et à basculer les questions isolées et dossiers progressifs d’ePOPI vers la banque nationale gratuite SIDES. L'association réclame le remboursement des étudiants ayant déjà engagé des frais. Contacté, le site ePOPI n'a pu donner suite à notre demande.
Business autour des concours
Ce n'est pas la première fois que l'ANEMF dénonce le marché des examens et concours de médecine. En octobre, les jeunes avaient fustigé la « stratégie de rapaces » de plusieurs maisons d'édition qui, selon eux, négociaient directement auprès des collèges de spécialités l'achat des droits du futur référentiel unique (livret d'apprentissage) indispensable pour préparer les examens du nouveau second cycle.
En février, les jeunes avaient aussi épinglé un éditeur privé ayant compilé les dernières recos de la Haute autorité de la santé (HAS) pour les ECN 2020 dans un ouvrage vendu une quinzaine d'euros alors que ces recommandations sont accessibles gratuitement...
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