Les chefs de clinique et assistants des hôpitaux de Paris (SCCAHP) dénoncent les « conditions désastreuses » dans lesquelles ils sont aujourd'hui contraints d'analyser et de noter les milliers de dossiers de candidatures des futurs bacheliers qui postulent à la première année commune aux études de santé (PACES) dans le cadre du système Parcour'Sup. « Ce travail supplémentaire a été imposé en toute hâte et sans concertation », fulmine le syndicat qui stigmatise une « évaluation inique » pour les jeunes qui se destinent aux métiers de la santé.
De fait, la nouvelle loi « orientation et réussite des étudiants » a acté la fin du tirage au sort dans les filières en tension au profit d'un accès par étapes et de la vérification d'attendus (tenant compte du parcours des élèves, de leurs motivations, etc.). Chaque futur bachelier adresse une lettre de motivation et un CV sur ParcourSup et formule plusieurs vœux. Le processus d'évaluation a été enclenché fin avril dans les facultés et la PACES catalyse un nombre d'inscriptions en progression de 2 % par rapport à 2017.
200 dossiers par chef de clinique !
À l'université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (Ile-de-France), les chefs de clinique ont ainsi été requis pour mettre la main à la pâte afin d'éplucher les lettres de motivation et CV des quelque 8 000 candidats à la PACES. « Ils ont reçu un mail du doyen de la faculté les invitant à analyser et noter les dossiers. Le mail indique quatre critères d'évaluation », raconte le Dr Franck Verdonk, président du SCCAHP. Parmi ces critères, les CCA doivent classer les lettres de motivation selon une grille sommaire allant de A à D, A étant la meilleure note. « Ils regardent le projet professionnel, les fautes d'orthographe, de grammaire et si la lettre a été recopiée, si elle correspond à un modèle », précise le Dr Verdonk. « Il n'y a pas de rejet de cette mission, en revanche ses modalités laissent clairement à désirer », critique-il.
La précipitation de la démarche et les délais serrés sont mis en cause. Les 80 chefs de clinique de l'université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines analysent chacun 200 dossiers depuis le 28 avril… La clôture était prévue ce mercredi 16 mai. « Il n'y a eu aucune concertation entre l'hôpital et le CHU. Ce travail supplémentaire ne tient pas compte de l'activité clinique du chef de clinique », reprend le Dr Verdonk.
Manque de rigueur et de sérénité
Le syndicat des chefs redoute que cette sélection improvisée et précipitée des bacheliers ne garantisse pas « la rigueur et la sérénité nécessaires que devrait réunir une telle tâche ». « Elle est faite le soir ou le week-end et pas de la manière la plus homogène. Il ne faut pas oublier que derrière chaque note il y a un objectif de classement », rappelle le Dr Verdonk. Aucune formation spécifique n'a été dispensée.
Dans le cadre de la loi, chaque faculté gère en autonomie son processus de classement des candidats. Interrogé par « le Quotidien » sur les modalités d'évaluation des dossiers, le Pr Jean Sibilia, président de la conférence des doyens de médecine, précise qu'un « inventaire » des expérimentations sera établi avant la prochaine rentrée ainsi qu’une évaluation. « Certaines facultés ont formé des personnels administratifs, d'autres ont mobilisé les chefs ou les PU-PH pour analyser les notes des lycéens, les lettres de motivation… », commente le Pr Sibilia. Un vade-mecum sera proposé dans le courant de l'année.
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