Voilà 6 ans maintenant que la filière francophone roumaine est en plein essor. D’abord voie de la seconde chance pour les échouants du système français, l’université de Cluj est aujourd’hui une alternative sérieuse au cursus universitaire « made in France » pour les nouveaux bacheliers. Alternative d’autant plus crédible que les résultats aux ECN 2014 plaident en notre faveur : avec quelques étudiants classés entre la 4 500e et la 5 200e place, notre formation nous permet d’envisager un rang fort honorable. Mieux encore, nous pouvons désormais prétendre faire jeu égal avec les étudiants français ayant brillamment réussi leur concours de première année. Juste retour des choses : tant décrié à tort, notre choix de l’expatriation ne peut qu’en être conforté.
Malheureusement, avec la mise en place des ECN informatisées en 2016, nous allons être injustement pénalisés. En effet, contrairement aux étudiants de France, nous n’avons pas accès à la plateforme d’entraînement SIDES ouverte il y a plus d’un an déjà. Nous ne pouvons nous familiariser avec l’outil sur lequel sera basée la nouvelle docimologie des ECN et acquérir des automatismes de résolution. Pourtant, qu’ils soient de Paris ou de Cluj, les étudiants ne devraient être sanctionnés que sur leurs connaissances.
De quel droit ?
En outre, le 31 décembre 2014, Madame la ministre de l’Enseignement Supérieur a précisé aux directeurs d’UFR qu’ils devaient « [s’assurer] que les étudiants qui seront candidats aux épreuves de 2016 bénéficieront des cours appropriés et d’une préparation à ces nouvelles ECN numériques ». Ces candidats, ce sont l’ensemble des étudiants ayant validé leur deuxième cycle au sein de l’Union européenne. De quel droit limitez-vous donc l’accès au SIDES aux seuls étudiants de France ?
Comble de l’ironie, nos parents comme tous les autres contribuables français, assurent plus de 90 % du financement des universités françaises et de cette plateforme.
Mes chers futurs confrères, vous qui souhaitez limiter au XXIe siècle l’utilisation d’un outil informatisé accessible par Internet, permettez-moi d’en appeler à votre bon sens.
Ne soyez pas les défenseurs d’un corporatisme clivant et réducteur. Oui, l’État français doit contrôler au mieux son contingent de médecin. Oui, il est nécessaire de garantir à nos patients l’excellence de la formation du corps médical. Mais cela ne peut être fait qu’en intégrant pleinement les données qu’imposent l’Europe moderne, au risque d’adopter des mesures d’un autre temps.
Nous n’aspirons qu’à nous soumettre aux ECN, pas à être inscrits au tableau de l’Ordre sur un simple examen de langue française comme l’ont fait des milliers de médecins titulaires de diplômes délivrés sans garantie et exerçant aujourd’hui pleinement en France.
Nous sommes de futurs médecins à part entière. Nous préparons à Cluj notre examen de l’internat.
Alors, mes chers futurs confrères, faisons table rase du passé, tenons compte des éléments actuels et établissons enfin un dialogue constructif. Vous avez désormais la garantie que nombre d’étudiants expatriés ont un bagage théorique qui leur permet de rivaliser avec des élèves issus d’université française.
Donnez-nous accès à la plateforme d’entraînement ! Jugez-nous équitablement en 2016 !
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