Imaginons une entreprise française, britannique ou allemande souhaitant recruter un jeune collaborateur pour un poste où il sera en formation tout en exerçant déjà certaines responsabilités encadrées avec un salaire net mensuel d’environ 1 400 euros.
Imaginons un candidat ayant obtenu une note moyenne inférieure à 8/20, voire inférieure à 6/20, voire encore égale à 0/20, à son examen d’admission : a-t-il une chance d’être recruté ?
Imaginons de surcroît que ce candidat ne connaisse pas la langue du pays : a-t-il une chance d’être recruté ? On peut craindre que non… Et si, par obligation, cette entreprise le recrute quand même, acceptera-t-elle de le rémunérer 1 400 euros après avoir constaté qu’il ne peut pas exercer la moindre responsabilité et que son rôle se limite à être uniquement observateur pendant plusieurs mois ?
Cette situation existe bien en France où nos hôpitaux doivent accepter de tels recrutements d’internes. Il peut s’agir de candidats français issus de nos Facultés, de certains candidats étrangers « à diplôme européen » (grecs, roumains…), mais aussi désormais de candidats français ayant échoué au concours de la PACES et formés en Roumanie. Notre ECN, uniquement « classant » par définition, permet à de tels candidats d’être recrutés, avec l’espoir qu’ils pourront rattraper leur handicap de connaissances et de compétences en 3 années de DES de Médecine Générale.
Ne les expose-t-on pas à de grandes difficultés de formation ? N’expose-t-on pas aussi et surtout les patients qu’ils pourraient être amenés à prendre en charge ? Ces étudiants bénéficieraient-ils de la même mansuétude en Grande-Bretagne ou en Allemagne ?
Des alertes et puis... ?
Cette situation, à laquelle sont confrontés de plus en plus de services, est connue depuis plusieurs années mais les alertes successives (notamment de la Conférence des Doyens) n’ont conduit à aucune mesure de correction. Or ce phénomène s’aggrave d'année en année, notamment du fait de l'arrivée d’étudiants français formés en dehors de la France. Ainsi, c’est près de 500 candidats aux ECN de 2014 et 2015 qui ont obtenu une note inférieure à 8/20, les notes minimales obtenues étant de 0 et 15 sur 1 000 en 2014 et 2015 respectivement. Et seulement 10 à 11 % des candidats à diplôme européen ont obtenu une notre moyenne de 10/20 ou plus.
Au moment où l’on procède à la nécessaire réforme du 3e cycle des études médicales, il devient tout aussi important d’établir des critères enfin raisonnables d’admission (seuil minimum d’admission, contrôle de connaissance de langue…). La pénurie actuelle de médecins ne justifie pas une telle absence de sélection. D’autant qu’il existe des candidats étrangers de bon niveau mais qui n’ont pas les mêmes facilités d’accès parce qu’ils n’ont pas la chance d’être originaires d’un pays européen…
*CHU de Rouen
« L’accès au secteur 2 pour tous, meilleur moyen de préserver la convention », juge la nouvelle présidente de Jeunes Médecins
Jeu concours
Internes et jeunes généralistes, gagnez votre place pour le congrès CMGF 2025 et un abonnement au Quotidien !
« Non à une réforme bâclée » : grève des internes le 29 janvier contre la 4e année de médecine générale
Suspension de l’interne de Tours condamné pour agressions sexuelles : décision fin novembre