Comme le résume le Doyen de la Faculté de médecine de Strasbourg, le Pr Jean Sibilia « un médecin qui a été malade ne soigne plus de la même manière ensuite ». La convention signée entre la Ligue contre le cancer du Bas-Rhin et la faculté officialise les rencontres entre les patients ressources et les étudiants, une expérience menée à Strasbourg depuis 3 ans.
Cette dernière a spécialement formé huit anciens patients volontaires pour dialoguer de manière régulière avec des étudiants de second et de troisième cycle, l’objectif étant avant tout de faire comprendre aux futurs médecins que le vécu du patient ne se limite pas, loin de là, aux aspects techniques de sa maladie.
Ces échanges visent justement à mieux sensibiliser les médecins à l’expérience concrète vécue par les patients. Pour ces derniers, une simple phrase ou une attitude peut changer beaucoup de choses : il ne s’agit pas seulement d’apprendre aux médecins à utiliser des termes clairs et compréhensibles, mais aussi de les rendre attentifs aux situations les plus banales. Quand un médecin vous demande « Comment ça va aujourd’hui ? », c’est très différent du simple « Comment ça va ? », explique par exemple une patiente ayant été soignée pour deux cancers du sein.
Plus de 200 internes
Initiées sous la direction du Pr Simon Schraub, ancien directeur du centre de lutte contre le cancer Paul Strauss et actuel vice-président de la Ligue du Bas-Rhin, ces rencontres ont déjà permis aux patients ressources de témoigner auprès de plus de 200 internes et externes en stage dans des services d’oncologie, mais aussi auprès d’étudiants en pharmacie.
Cette expérience, qui correspond à l’un des objectifs du Plan Cancer 2014-2019, a valu à la Ligue du Bas-Rhin d’être désignée pour mettre en place des activités plus pérennes non seulement avec la Faculté de médecine, mais aussi avec la Faculté de pharmacie, qui a signé avec elle une convention identique. Comme l’expliquent les responsables de la Ligue, les patients, volontaires, ont dû, avant de commencer les rencontres, apprendre à parler de leur maladie hors d’un cadre strictement thérapeutique, tout en évitant de trop se laisser emporter par leur propre affect. Pour cette raison, mais aussi pour « recadrer » certaines questions d’étudiants qui pourraient être mal reçues par les patients, les rencontres sont modérées par des enseignants, tandis que les patients ressources, épaulés par des psychologues, ne sont pas sollicités trop souvent dans l’année pour éviter de trop les fatiguer par ces exercices.
Pour certains étudiants de second cycle, ces rencontres sont la première occasion de discuter vraiment avec des malades, surtout lorsqu’ils n’ont jamais été confronté à la maladie d’un de leurs proches : cette expérience n’est d’ailleurs pas toujours facile à vivre pour eux, constatent les médecins encadrant les rencontres. Mais quelle que soit la manière dont ils ressentent ces échanges, tous les étudiants qui y ont participé reconnaissent qu’ils auront un impact sur leur attitude face à leurs futurs patients.
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