DE NOTRE CORRESPONDANTE
LES 721 ÉTUDIANTS en deuxième cycle des études de médecine à Grenoble ont achevé leurs examens électroniques de pôles thématiques du second semestre. Les dix séances de trois heures, réparties sur cinq jours, ont permis de déployer sans dommage 60 dossiers informatisés couvrant l’ensemble des disciplines enseignées en 3ème, 4ème et 5ème année. « L’épreuve s’est déroulée normalement. Aucun aléa majeur
n’est à déplorer. Les notes seront disponibles dans une dizaine de jours, lorsque le jury des examens du 2ème cycle aura statué », se félicite Jean-Paul Romanet, le doyen de la faculté de Grenoble.
Cet e-Examen s’inscrit dans le contexte de la transition vers les ECN numériques (2016), transition gérée par la commission nationale chargée des modifications des ECN présidée par le Pr Jean-Michel Rogez (doyen de la faculté de Nantes), avec la participation active des étudiants (ANEMF). Ce projet a pris corps sur le plan théorique, puis plusieurs facultés ont été sollicitées. « Les épreuves de Grenoble sont un essai structuré et global, permettant de fournir des statistiques et de valider les aspects techniques et de sécurité » explique le Pr Rogez.
Force et précision des supports numériques.
Si la tablette hi-tech attire l’attention, les porteurs du projet le disent : ce n’est que la partie visible de l’iceberg. « Notre démarche a été de partir de la pédagogie pour aller vers la mise en œuvre technologique », explique le Pr Daniel Pagonis, responsable de la cellule TICE (technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement) de l’UFR de Grenoble, qui a porté techniquement la mise en place de ces épreuves.
Si la technique a marché, quid de la pédagogie ?
Premier atout : les supports numériques permettent d’utiliser des médias et canaux différents, de très haute qualité. « J’ai apprécié de pouvoir écouter l’auscultation », salue un étudiant à la sortie de l’amphi de Grenoble. « Les images étaient d’une superbe qualité. On pouvait zoomer, chercher des détails » rapporte une autre étudiante. Les enseignants proches du projet ne manquent pas d’idées pour exploiter cette force : reconnaissance sur des opérations filmées, analyse ou critique d’entretiens médecins/patients...
Avec le numérique, il est désormais possible de bâtir un examen progressif, en bloquant le retour aux réponses validées. « Un dossier progressif est très intéressant sur le plan pédagogique, il s’approche de l’exercice quotidien, où l’on démarre avec les signes cliniques pour aboutir à une thérapeutique. De plus, si l’étudiant part d’une d’hypothèse erronée, la suite le remettra sur la bonne piste, il pourra se rattraper », se réjouit le président de la conférence des doyens, le Pr Dominique Perrotin. À la sortie de l’épreuve, les étudiants confirment apprécier ces dossiers progressifs.
Banque de sujets.
La correction automatique (avec peu de rédaction) ouvre davantage le spectre de l’évaluation. « Ils ont balayé plus largement [les enseignements], il ne faudra plus faire d’impasses » résume une étudiante. Un autre carabin commente : « J’ai eu l’impression de m’être servi de tout ce que j’ai vu, pas que du cours ».
Une évolution qui ravit les enseignants désireux de valoriser les stages pratiques et de sortir des seuls mots clés obligatoires. « L’objectif de cette réforme est d’aboutir à une docimologie nuancée et juste » explique le Pr Perrotin (lire encadré). La question de la réduction des coûts de l’examen entre évidemment aussi en ligne de compte...
Ce n’est pas tout. Ces épreuves informatisées permettront de déployer une gigantesque base de données utile à tous. « Parce que les questions sont liées à un référentiel, ce support permettra d’avoir un meilleur regard sur la qualité de notre enseignement et des examens. L’évaluation devient un outil de travail, pas seulement une sanction. Elle prendra tout son sens lorsque la banque de sujets d’entraînement pour les e-ECN sera opérationnelle », se réjouit le Pr Olivier Palombi, tête pensante du projet à Grenoble et au national.
Sans surprise, les étudiants grenoblois ont beaucoup parlé de ce premier entraînement numérique. Si les 4èmes et 5èmes années restent attachés au papier, les étudiants de 3ème année se disent impatients de voire la suite des examens informatisés.
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