Prévention, nouveaux parcours de soins, rémunération des équipes de proximité, revalorisation de la filière universitaire, stages en libéral, programmes régionaux : il est temps de concrétiser les promesses et d’y mettre les moyens, réclament les acteurs des soins de premier recours. Marisol Touraine abat ses cartes.
MARISOL TOURAINE dévoile aujourd’hui, en compagnie de Geneviève Fioraso (Enseignement supérieur), les grandes lignes de sa stratégie nationale de santé. Lors d’un déplacement à Grenoble en février, Jean-Marc Ayrault avait confié à un comité d’experts le soin de baliser le terrain pour une réforme du système de santé « pour les cinq voire dix ans à venir ».
Ces sages, sous la houlette d’Alain Cordier, avaient remis cet été dans la confusion une vingtaine de propositions appelant à investir sur la prévention, « optimiser » le recours à l’hôpital, donner davantage de marges de manœuvre aux ARS ou soutenir l’exercice coordonné et le travail en équipes. Le comité suggérait également au gouvernement de généraliser le tiers payant chez les médecins libéraux de secteur I dès 2014. Cet engagement de campagne du candidat Hollande à la présidentielle devrait être retenu, selon nos informations, même si son application reste complexe. « Le Président de la République a besoin de présenter une grande mesure sociale, elle devrait intégrer le PLFSS », confie un connaisseur du dossier.
Un front et d’autres voix.
La pression est montée la semaine dernière. Un front généraliste s’est constitué autour de MG France, avec des médecins (SMG, centres de santé), étudiants (ANEMF), internes (ISNAR-IMG), jeunes professionnels (REAGJIR et SNJMG) et la communauté enseignante (SNEMG et CNGE). Ces organisations ont exposé leurs attentes : forfaits "structure", lutte contre les inégalités sociales de santé, formation initiale plus ouverte à la ville, reconnaissance de la filière universitaire de médecine générale. « En 1958, la loi Debré a été une réussite pour structurer les CHU, il faut lancer la même opération pour la médecine de proximité », affirme le Dr Claude Leicher, président de MG France. Le généraliste espère que l’Élysée et Matignon sauront donner l’impulsion nécessaire.
Mais cette coalition a provoqué des tiraillements dans la profession. MG France ne représente que 30% des généralistes, souligne le SML. La CSMF conteste au syndicat le « monopole du monde généraliste ». « Tous les généralistes ne rêvent pas d’une médecine à l’anglaise, ni de la capitation », prévient la Confédération qui réunira ses cadres en fin de semaine, à Lille. Les internes de l’ISNI fustigent « un amoncellement de structures corporatistes ». Bref, à l’heure où le gouvernement se décide, d’autres voix médicales s’expriment, inquiètes d’un mouvement excessif de balancier qui aboutirait à la construction de filières de soins rigides.
La Fédération des médecins de France (FMF) n’attend rien de la stratégie de santé et entre en campagne pour les élections professionnelles de 2015. Chez les hospitaliers, on attend des gestes concrets (lire page 3). La FHF appelle de se vœux « un service public territorial de santé ».
Les MSU, acteurs clés de l’encadrement des docteurs juniors
« L’accès au secteur 2 pour tous, meilleur moyen de préserver la convention », juge la nouvelle présidente de Jeunes Médecins
Jeu concours
Internes et jeunes généralistes, gagnez votre place pour le congrès CMGF 2025 et un abonnement au Quotidien !
« Non à une réforme bâclée » : grève des internes le 29 janvier contre la 4e année de médecine générale