Souvent brocardés car ils contournent le numerus clausus, les étudiants en médecine français exilés en Roumanie ont eu la fierté de voir l’un des leurs obtenir un excellent classement aux épreuves classantes nationales (ECN), examen pour lequel ils ne sont pas spécifiquement formés (voir le classement final). Charles Hervé Vacheron, 25 ans, a décroché la 168e place aux ECN 2015 sur 8 881 candidats classés.
Charles Hervé aurait dû ne jamais devenir médecin. Recalé deux fois en PCEM 1, l’ancien étudiant de Lyon-Est aurait pu, comme beaucoup de camarades de son âge, jeter l’éponge. Mais le jeune homme n’accepte pas de voir sa vocation contrecarrée. « Mon objectif restait la médecine, confie-t-il au "Quotidien". J’ai entendu parler de Cluj par des amis de mes parents, une semaine après mon second échec en PCEM 1. Après une demi-journée de réflexion, j’ai décidé de tenter ma chance. »
Charles Hervé envoie son dossier à l’université de Cluj-Napoca, en Transylvanie. En septembre 2009, il effectue sa rentrée en première année de médecine dans la filière francophone de la faculté de Iuliu Hatieganu, ouverte quelques années auparavant. Pendant ses six ans de formation, le carabin obtient de bons résultats aux examens.
Manque de repères
Charles Hervé a mis en place une organisation rigoureuse pour préparer ces ECN : il a planifié les chapitres à apprendre puis à réviser, réalisé des conférences en ligne, avalé des cas cliniques, multiplié les fiches de révision.
« La principale difficulté de la préparation aux ECN en Roumanie, c’est le manque de repères, explique-t-il. C’est pourquoi je m’y suis pris tôt (dès la 3e année) pour faire le tri des informations à retenir. Ce fut un vrai calvaire. Après chaque cas, je complétais mes fiches. »
Ce travail a fini par payer et Charles Hervé obtient 732 points sur un total de 1 000. « Mon avantage sur ces ECN, c’est le très faible écart de points entre tous mes dossiers (24 points). »
Contre les préjugés, le dialogue
Modeste, l’étudiant ne s’attendait pas à un tel résultat : « Cela ne me semblait pas réaliste car aucun étudiant de Cluj ne l’avait fait auparavant. J’ai toujours entendu dire que les 500 premières places étaient intouchables et réservées aux meilleurs. Je pense maintenant pouvoir dire que c’est faux. »
La réussite de Charles Hervé aura-t-elle une influence sur les responsables hospitalo-universitaires français, très critiques sur la filière roumaine, et qui refusent aux candidats exilés l’accès au SIDES, système informatique de préparation aux futures ECN numériques ?
« Je ne crois pas que mon classement change quelque chose, témoigne l’ancien Lyonnais. Les préjugés ont la vie dure. C’est par le dialogue que nous pourrons régler ce problème. »
Pour Solène Noret, présidente de la corporation des carabins français de Cluj, la réussite de Charles Hervé illustre combien la ténacité est primordiale dans les études de médecine. « Ce n’est pas le choix de la faculté qui fait d’un étudiant un bon médecin, mais sa volonté de réussir », affirme-t-elle.
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