Devant l’afflux de postulants diplômés de l’Union européenne (UE), un groupe de travail interministériel étudie des pistes qui limiteraient le nombre total de candidats autorisés à accéder au troisième cycle.
La brusque augmentation des inscriptions aux ECN de candidats diplômés de médecine d’un État membre de l’UE, mais aussi le nombre de Français en formation en Roumanie, en Belgique ou en Croatie, font craindre aux pouvoirs publics une hausse incontrôlée des postulants aux ECN.
Ce contournement du numerus clausus a vu le jour en 2005. Une directive européenne a autorisé la reconnaissance des diplômes entre tous les pays de l’UE et offert la possibilité aux diplômés européens de tenter leur chance aux ECN, d’être classés, et de décrocher un poste d’interne quelque part. Leur nombre a grimpé en flèche ces deux dernières années.
Selon le Centre national de gestion, 258 diplômés de l’UE vont passer les ECN cette année (contre 202 l’an dernier et 141 en 2012). Les diplômés européens représentent 3 % du nombre total de candidats. Surprise, les Italiens sont les plus nombreux (102), devant les diplômés roumains (71).
Fantasme ou menace ? Les autorités redoutent que cet afflux non maîtrisé entraîne une dérégulation démographique (un nombre de médecins formés supérieur aux besoins) et que les facs françaises ne puissent accueillir ces bataillons. Par ailleurs, la formation de ces médecins a un coût, difficile à assumer.
Accès trop libre au 3e cycle
La Conférence des doyens de médecine s’est alarmée de cette situation, soulignant qu’il n’existe en France aucune exigence minimale en matière de maîtrise de la langue française ou de compétences médicales avant d’accéder à l’internat. À la suite d’une requête de la commission européenne, un groupe de travail ministériel (Enseignement supérieur, Santé) s’est réuni pour envisager de nouvelles modalités d’accès au 3e cycle. Plusieurs pistes ont été écartées : des « quotas » par nationalité, et l’introduction d’un examen supplémentaire aux ECN, tous deux interdits par la législation européenne.
Mais l’idée de rétablir un concours à l’entrée du 3e cycle, en remplacement des ECN, avec un nombre de places limité cohérent avec le numerus clausus appliqué cinq ans auparavant, serait à l’étude.
Quelle forme pourrait prendre ce numerus clausus à l’entrée de l’internat ? Selon une source proche du dossier, il pourrait s’agir d’épreuves classantes interrégionales, ouvertes à tous les candidats, français ou diplômés au sein de l’UE. « Les épreuves du concours, étant rédigées en langue française et portant sur le programme du DFASM (2e cycle, ndlr), une très large majorité d’étudiants ayant suivi le cursus en France devrait être reçue », juge le ministère de l’Enseignement supérieur dans un document dont « le Quotidien » a eu copie. Ce système permettrait d’écarter certains candidats (en majorité diplômés de l’UE) qui occupent les dernières places aux ECN mais décrochent quand même un poste d’internat par le simple fait d’être classés, même s’ils rendent copie blanche. Avec le risque de laisser sur le carreau des carabins qui ont fait six ans d’études... Les candidats pourraient être autorisés à passer plusieurs fois ce concours.
Internes et étudiants ne se sont pas officiellement exprimés sur cette piste de travail. Pour Mathieu Levaillant, président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), « ce débat pose une nouvelle fois la raison d’être du numerus clausus ».
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