À quoi ressemblera le DES d’oncologie médicale en 2016 ? Bien que l’échéance soit désormais très proche, il n’est pas encore possible de répondre de manière très précise.
Une seule certitude : la réforme du troisième cycle des études médicales devrait entraîner un assez large bouleversement dans la durée et l’organisation du DES. « C’est un sujet de préoccupation pour nous, puisque la durée de formation devrait être réduite de manière non négligeable », indique le Pr Stéphane Culine, président du Collège national des enseignants de cancérologie.
C’est en 2009 qu’a été lancée cette réforme du troisième cycle des études médicales par Roselyne Bachelot, alors ministre de la santé. Piloté en lien avec le ministère de l’enseignement supérieur, le dossier s’est un peu enlisé, avant d’être relancé, avec la remise en 2014 du rapport des François Couraud et François René-Pruvot, commandé par les ministres Marisol Touraine et Geneviève Fioraso.
La réforme, souhaitée aujourd’hui par les pouvoirs publics, vise notamment à réduire la durée du DES en intégrant, durant ce cursus, une phase de « mise en responsabilité ».
Actuellement, la durée des DES varie selon les spécialités, 5 ans pour celui d’oncologie médicale. À l’issue de ce cursus, les internes font en général deux ans de post-internat sous la forme d’un clinicat. « Cela signifie que les étudiants font cinq ans de "junior" et deux ans de "sénior" », souligne le Pr Culine.
Deux ans de moins
Mais ce schéma risque d’être bouleversé avec la réforme. « Un de ses objectifs, en effet, est qu’à la fin du DES, les internes puissent s’installer directement pour exercer. Il va donc falloir introduire dans les cinq ans du DES cette phase de séniorisation et de mise en responsabilité qui, jusque-là, était faite lors des deux années de post-internat », explique le Pr Culine. En clair, la formation actuelle de sept années (DES + post-internat) devrait être réduite aux cinq années du DES remodelé.
Trois phases
Concrètement, ce futur DES devrait être organisé autour de trois phases différentes. Une première, socle d’une durée de deux ans, serait centrée sur l’acquisition des connaissances de base de la spécialité. Une deuxième phase intermédiaire, de deux ans, comprendrait, outre des stages et une formation théorique, la rédaction du mémoire de spécialité. Enfin, la troisième phase, d’une durée d’un an, serait une mise en responsabilité, avec un stage long à vocation professionnalisante. « Cette nouvelle organisation suscite un certain nombre d’interrogations, notamment au sujet de cette troisième phase de mise en responsabilité. Cette année ne se fera pas sur un poste de chef de clinique. En effet, ceux-ci vont être maintenus mais destinés aux oncologues ayant achevé le DES et souhaitant s’engager dans une carrière hospitalo-universitaire, indique le Pr Culine. Il va aussi falloir définir de manière précise le statut de ces étudiants en cinquième année de DES. Ils devront pouvoir prescrire. Ils ne seront donc plus des internes mais pas non plus de chefs de cliniques ».
Réorganisation
Une autre interrogation concerne les terrains de stage qui pourront être proposés lors du DES. « Nous sommes confrontés aujourd’hui à une augmentation du nombre d’internes. Depuis 2012 et l’instauration de la filiarisation, on en forme chaque année entre 125 et 130. Il va falloir trouver des stages pour tout le monde, avec une nouvelle contrainte : celle de ces 3 phases différentes au sein du DES. À l’intérieur de chaque service, il va falloir déterminer le nombre de postes pour chaque phase avec, à la clé, des objectifs pédagogiques précis. Cela va rendre nécessaire un travail de réorganisation intrahospitalière pour l’accueil des étudiants », indique le Pr Culine, en évoquant un autre objectif important de la réforme. « L’idée est aussi de mettre l’accent, durant le DES, pas seulement sur l’évaluation des connaissances mais aussi sur des compétences ».
Un an de plus
Reste une question : les futurs internes seront-ils aussi bien formés en 5 ans plutôt qu’en 7 ans ? « Cette question est bien sûr centrale. Et, au niveau du Collège, nous plaidons pour obtenir un DES en six ans. Cela nous semblerait plus raisonnable. La question se pose aussi dans d’autres spécialités, dont les disciplines chirurgicales, qui jugent insuffisante une mise en responsabilité de seulement une année », indique le Pr Culine, en précisant que chaque spécialité a remis ses propositions au gouvernement à l’automne 2014. « Et maintenant, on attend le retour des ministères concernés, car le temps va défiler rapidement pour être prêts dès 2016 ».
D’après un entretien avec le Pr Stéphane Culine, président du Collège National des Enseignants de Cancérologie, chef du service d’oncologie médicale de l’hôpital Saint-Louis à Paris
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