Le Pr Daniel Chevallier est un peu le fer de lance, en France, du recours à la simulation pour l’enseignement médical. « C’est quelque chose qui existe depuis plus de 20 ans aux États-Unis et qui va peu à peu devenir incontournable dans la formation de nos internes », souligne-t-il. Depuis 2011, il a lancé un programme pilote, intégrant la simulation comme méthode pédagogique, dans l’enseignement délivré aux internes d’urologie. « À terme, l’idée est que cela puisse être intégré dans la maquette nationale du DES d’urologie », précise le Pr Chevallier.
Dotée de mannequins et d’un bloc opératoire virtuel, la faculté de médecine de Nice Sophia-Antipolis utilise la simulation avec deux objectifs : l’apprentissage du geste technique et celui du raisonnement clinique, de la communication et de la gestion des situations à risque. « Pour l’apprentissage du geste, on travaille un peu comme les pilotes qui utilisent des simulateurs pour apprendre à poser un Boeing. Nous utilisons des simulateurs de basse fidélité pour l’apprentissage du geste chirurgical basique : cathétérismes urinaires, chirurgie endo-uréthrale, anastomose intestinale… Nous utilisons aussi des simulateurs haute-fidélité, plus sophistiqués et avec un environnement virtuel, pour l’apprentissage de gestes plus complexes : néphrolithotomie percutanée, uretéroscopie, chirurgie laparoscopie par robot assisté, anastomoses vasculaires, etc. », détaille le Pr Chevallier.
Ces simulateurs permettent à l’étudiant de suivre ses progrès. « Pour chaque intervention, l’interne connaît son score et sa situation par rapport à un score de base défini par les experts de la discipline. Tant qu’il n’a pas atteint ce score de référence, il ne peut pas être considéré comme fiable sur la technique », souligne le Pr Chevallier.
Mais les enseignants niçois utilisent aussi la simulation pour mesurer la capacité de l’interne à prendre les bonnes décisions et bien communiquer dans certaines situations cliniques délicates. « Nous élaborons des scénarios de situations de crise, par exemple, un patient qui fait un problème cardiaque lors d’une intervention et l’on juge la capacité de l’interne à prendre la bonne décision mais aussi à communiquer de manière adaptée avec les autres professionnels autour de lui. Chaque exercice est filmé et donne lieu à un débriefing qui est très formateur pour l’interne ».
Selon le Pr Chevallier, l’enseignement par simulation va prendre de plus en plus de place dans la formation des futurs urologues. « C’est une évolution qui est soutenue par les tutelles et la Haute Autorité de santé (HAS). Tout cela repose sur une logique très simple : le patient ne plus être l’otage de l’apprentissage. Il n’est plus possible de procéder comme il y a 40 ans quand on opérait à ventre ouvert et que l’interne mêlait ses mains à celles du chirurgien pour apprendre le bon geste. Aujourd’hui, la simulation permet un apprentissage répété et pointu sans aucune conséquence pour le patient ».
D’après un entretien avec le Pr Daniel Chevalliert, codirecteur du centre de simulation chirurgicale à la faculté de médecine et professeur conventionné à l’université de Nice-Sophia Antipolis, CHU de Nice
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