Après de longs mois d’attente, les futurs internes savent désormais à quelle sauce ils seront mangés en juin 2024. Annoncé à l’automne, puis en janvier, l’arrêté qui fixe la procédure d’affectation des internes dans une spécialité et un CHU vient d’être publié, le 21 avril, au « Journal officiel ». Ainsi, à l’aune de la réforme du 2e cycle des études médicales, les quelque 9 000 futurs internes verront d’ici à deux ans la fin du classement unique, remplacé par un système de « matching » ou appariement. Le texte réglementaire vient fixer cette toute nouvelle « procédure nationale d’appariement ».
Fini donc l'amphi de garnison et le classement national. Désormais, les internes devront classer dans une plateforme, « par ordre décroissant », leurs préférences de vœux pour l’internat, en cochant une spécialité et une ville. Puis, en fonction des notes obtenues aux différentes épreuves, un algorithme moulinera l’ensemble des informations du carabin pour « l’affecter dans le meilleur vœu pour lui, en fonction des places disponibles », détaille au « Quotidien », Sami Zarzou, vice-président en charge des études médicales à l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf). Un logiciel - encore en cours de développement - basé sur l’algorithme de Gale et Shapley, dit « des mariages stables », qui promet de toujours réserver « le meilleur choix disponible », résume Sami Zarzou.
Nouvelles épreuves
Comme pour l’ancienne formule des Épreuves classantes nationales (ECN), c’est le Centre national de gestion (CNG), qui sera « chargé de recueillir les vœux de chaque candidat », précise l’arrêté, qui souligne que le processus devra être « interactif » et « sécurisé ». En enterrant définitivement les ECN - trois jours d’épreuves, sommet de l’anxiété finale pour les externes - la réforme du 2e cycle vient créer deux nouveaux examens, tout au long de la sixième année. Première épreuve d’admissibilité à l’internat : les épreuves dématérialisées (EDN), une évaluation des connaissances théoriques, sous forme de QCM ou de questions ouvertes. Les EDN auront lieu à l’autonome de la 6e année et compteront pour 60 % de la note finale intégrée dans l’algorithme.
Dans le courant de l’année, les futurs internes devront également passer des Ecos, les examens cliniques objectifs et structurés, qui pèseront pour 30 % du total. Enfin, 10 % seront consacrés au « parcours » de l’étudiant, récompensant un engagement associatif ou encore un cursus additionnel.
Pondération personnalisée
Une fois les notes obtenues, l’algorithme traitera donc « les résultats pondérés obtenus par les candidats », indique l’arrêté. « Pondéré », car la réforme promet une affectation personnalisée pour chaque futur médecin, attribuée grâce à différents coefficients en fonction de la spécialité souhaitée et des questions posées aux examens. En somme, une question de cardiologie sera majorée si l’on souhaite accéder à un diplôme de cardiologie, une question de vaccination pour la médecine générale...
Si la réforme prévoyait initialement que le carabin reçoive autant de classements que de spécialités (soit 44), l’opération s’est révélée à l’autonome presque impossible d’un point de vue statistique. « Notamment car, pour certaines spécialités de niche, comme la chirurgie orale par exemple, très peu de questions sont posées lors des épreuves. Donc une mauvaise réponse aurait pu avoir des conséquences énormes sur le matching », rappelle Sami Zarzou.
Conscients de leur erreur, les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur ont donc décidé, en concertation avec l’Anemf, de dresser 13 grands groupes de spécialités. Si la médecine générale constitue un groupe à part entière, certaines spécialités prisées des futurs internes sont colligées ensemble. C’est le cas par exemple de l’ophtalmologie et de la chirurgie plastique, qui intègrent l'entité « chirurgie 1 ».
Annexes manquantes
Dans les jours qui viennent, le ministère de la Santé devrait publier des annexes - absentes dans l’arrêté du 21 avril - pour préciser chaque pondération pour chaque compétence clinique et connaissance à acquérir. Par exemple, pour intégrer une spécialité du groupe « médecine de l’aigu » - comme la médecine d’urgence ou l’anesthésie réanimation, les compétences « urgence vitale » ou « stratégie diagnostique » seront surpondérées, par rapport à la compétence « éducation et prévention », explique Sami Zarzou.
Pour y voir plus clair, l’Anemf avait demandé depuis plusieurs mois que les externes puissent accéder à une simulation de leur « matching » au cours de l’année. C’est chose faite. L’arrêté précise en effet que « la procédure nationale d’appariement est précédée d’une phase de simulation de résultats de vœux d’affectation fictifs émis par le candidat ». Plus précisément, les carabins devraient recevoir, après les premiers examens, « 13 classements par groupe de spécialité sur les 9 000 étudiants », précise Sami Zarzou.
Avec la publication de cet arrêté - le dernier important attendu sur le sujet -, les carabins voient enfin le bout du tunnel de la réforme du 2e cycle, bousculée par des retards à l’allumage. Certains ajustements devraient tout de même se faire attendre dans les mois qui suivent, comme l’intégration dans l’algorithme d'une procédure pour les internes en couple, qui souhaitent être affectés dans la même ville.
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