« Docteur junior ». Le titre, né de la réforme du 3e cycle des études médicales, a fait son entrée officielle dans les textes réglementaires en 2018 mais est de plus en plus controversé. Il y a quelques jours, une étude anglaise a donné de l'eau au moulin des détracteurs de cette expression.
Aujourd'hui, celle-ci permet de distinguer les jeunes médecins des internes, lorsqu’ils ont déjà soutenu leur thèse, qu'ils sont inscrits à l’Ordre, mais n’ont pas encore fini leur DES. Les docteurs juniors exercent ainsi en « autonomie supervisée » lors de la phase de « consolidation » de leur internat, qui peut durer d’un an pour les anesthésistes-réanimateurs, à deux ans pour les spécialités chirurgicales par exemple. Depuis, le titre est réapparu également dans le débat public à l’aune de la campagne présidentielle, dans la bouche de candidats comme Anne Hidalgo ou Valérie Pécresse, qui souhaitaient créer des postes de docteurs juniors en médecine générale.
Et pourtant, le terme serait inadapté selon le syndicat « Jeunes médecins » qui, dès 2017, critiquait déjà ce « nom ridicule ». Il y a 5 ans, le terme de « docteur junior » avait à l'époque été choisi pour désigner ce nouveau statut entre l'interne et le chef de clinique. « Nous ne voulions pas du terme d'assistant pour éviter le glissement de tâches et le ministère ne voulait pas de celui d'interne, expliquait le président de l'Intersyndicale nationale des internes (Isni) d’alors, Olivier Le Pennetier. Nous avons fait le tour de ce qui se passait en Europe et avons proposé l'expression de docteur junior ».
Dégradante
Or, une étude britannique menée par la Dr Scarlett McNally vient aujourd'hui recommander d’abandonner l’usage de « docteur junior ». En effet, la chirurgienne orthopédique dans l’East Sussex en Angleterre a interrogé en ligne 1 948 personnels médicaux, paramédicaux, parents et patients sur ce titre, également usité outre-manche pour désigner les médecins en formation. Résultat : « 78 % des personnes interrogées considèrent que l'expression « docteur junior » est dégradante et qu'elle renvoie une image péjorative du métier », résume le syndicat Jeunes médecins.
Souvent confondu avec un étudiant, le titre « renvoie une image péjorative du métier, qui ne reflète pas les capacités réelles de ces professionnels et le travail extrêmement difficile qu'ils fournissent chaque jour », avance encore Jeunes Médecins. Pis, selon l’étude, les patients « ne réalisent pas qu'ils ont vu un médecin » et pourraient interpréter différemment les conseils médicaux qui leur sont fournis par ces juniors. Ce titre « dépréciatif » pourrait par ailleurs, toujours selon l’étude, participer « à une culture (hospitalière NDLR) où l’intimidation persiste ».
Plus qu'un problème de sémantique
Sans concession, la Dr McNally recommande d'en finir avec cette expression, au profil du simple terme de « docteur ». 56 % du panel trouvaient tout à fait acceptable le terme de docteur, que le médecin « soit en formation ou pas », indique l’étude.
Pour le syndicat Jeunes médecins, le titre soulève « plus qu’un problème de sémantique », car désormais il ne s'agit plus seulement de savoir « comment les « docteurs juniors » souhaitent être appelés, mais comment les autres - c’est-à-dire les patients, les usagers, le personnel médical et paramédical - perçoivent leur rôle au travers de cette dénomination ».
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