Le Pr Laboulbène, de la Faculté de médecine de Paris, vient de nous envoyer un courrier sur le maintien ou non de la thèse de doctorat. En voici le contenu :
« La thèse, qui est le dernier acte officiel de l'étudiant, était autrefois précédée d'une composition écrite latine, puis rédigée en français. Ces compositions sont, à juste titre, tombées en désuétude. Mais, remarquons, que la thèse faite avec soin, rapidement imprimée, avec soutenance sérieuse, souvent passionnée, existait aussi pour le concours de l'agrégation. Je l'ai défendue, je la regrette, elle donnait de la valeur au candidat, clôturant bien les épreuves du concours dont je suis, on le sait, le partisan convaincu et déclaré. Sans le concours, je serai en ce moment exerçant la médecine à Agen, dans le Lot-et-Garonne.
Mais ne croyez pas que je me fasse illusion sur la valeur des deux tiers des thèses de Doctorat. La plupart sont faibles, bâclées à la hâte, sans valeur sérieuse. Un quart, même un tiers, est bon, quelques-unes remarquables, originales. J'en ai la certitude - ayant été souvent du jury des récompenses à donner pour les prix - les seules en ligne sont les thèses ayant obtenu les notes très satisfait ou extrêmement satisfait.
C'est à une voix que j'ai été battu, ainsi que M. Potain, lorsque je demandais le maintien de la thèse d'agrégation. Nous avions certainement raison car elle mettait au point les questions d'actualité sur un sujet bien choisi. Remarquez, de plus, que les matières traitées dans plusieurs volumes des Bibliothèques Charcot-Debove ou des Aide-mémoire ne sont que des sujets d'agrégation. L'actualité leur faisant un mérite, et l'occasion de la thèse manquant, leur apparition est inutile. Elle a eu lieu par ailleurs.
J'estime qu'il est bon pour tout médecin d'avoir plus ou moins rédigé un travail et de corriger des épreuves d'imprimerie. Pour éviter la banalité des sujets, il y aurait à faire quelque chose après la 12e inscription avec le nouveau régime d'études. Ce serait de faire choisir un sujet par l'étudiant ou même de lui donner ce sujet, c'est une question à voir. En conclusion, selon moi, la suppression pure et simple de la thèse ne serait pas un progrès. »
Le Dr Truc, le très distingué professeur à l'université de Montpellier nous a, lui aussi, fait parvenir son avis sur la question :
« J'ai dans le Montpellier médical proposé dans quelques articles quelques solutions concernant le problème de la thèse de doctorat. Puisqu'on ne saurait améliorer cette institution, il faut la réduire. Est-il possible de supprimer les mauvaises thèses et de conserver les bonnes ?
Nous croyons et nous estimons qu'il suffirait de ne plus imposer l'obligation de la thèse pour la pratique et de la maintenir pour l'enseignement. Pour la pratique, elle deviendrait facultative ; dans l'enseignement, clinicat, agrégation, professorat, elle resterait obligatoire.
Pour nous, la solution de la question est là. Les dépenses scolaires seraient amoindries, les examens cliniques deviendraient plus sérieux, les travaux entrepris auraient plus de valeur. Tout y gagnerait.
Il y aurait ainsi une étape professionnelle et une étape scientifique. En droit, en lettres, en sciences, partout il existe, sous une forme ou sous une autre, des grades professionnels, et l'on réserve, de fait, le doctorat pour l'enseignement supérieur…
n seul doctorat serait donc maintenu. L'unité de titre, aujourd'hui acquise, est trop précieuse pour la supprimer. Elle n'implique nullement, chacun le sait, l'égalité de science ou de pratique. Un doctorat ès sciences médicales aurait d'ailleurs plus d'inconvénients que d'avantages. Les concours, l'agrégation, le professorat hiérarchisent très suffisamment, au point de vue officiel, les médecins français.
L'autorité du praticien resterait intacte ; le prestige de la thèse serait relevé et la science y gagnerait… Nous avons un titre très clair, très significatif, accepté, reconnu, estimé ; pourquoi l'abandonner ou le modifier ?
On veut, en somme, un docteur praticien et un docteur savant. Le praticien n'a pas besoin d'être original ou didactique : il lui suffit de savoir soigner ses malades et d'être professionnel.
Le doctorat sans thèse et le doctorat avec thèse donneront tout cela. Titre unique, d'une part ; titre simple, connu, estimé, d'autre part. Tels sont les avantages de la réforme proposée. Au point de vue professionnel, la thèse étant facultative ou supprimée, les examens cliniques deviendront plus importants, plus sérieux, plus difficiles. Au point de vue scientifique, la thèse sera plus originale ou plus critique, en un mot plus personnelle.
Pratiquement, on devra même remplacer la thèse par une troisième partie du cinquième examen, comprenant l'étude clinique d'un malade de médecine ou de chirurgie spéciale (syphiligraphie, oculistique, accouchement, etc.). »
(Chronique médicale, 1895)
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