Les messages d’étudiants en sixième année de médecine, très mécontents de l’organisation des examens cliniques objectifs et structurés (Ecos) blancs, affluent sur les réseaux sociaux depuis mardi 12 mars, date de l’épreuve nationale test. « Je ne vois pas [comment] d'ici à mai on pourra régler tous les problèmes rencontrés pendant ces Ecos blancs, et au moins s'assurer d'une vraie standardisation des réponses aux étudiants », déplore sur X (ex-Twitter), François, étudiant en 6e année. Ce dernier affiche sur sa bio faire partie de cette « promotion crash-test », cette génération de carabins qui essuie les plâtres de la redoutée réforme du second cycle (R2C) et du nouvel accès à l’internat.
« Après les EDN [épreuves dématérialisées nationales, NDLR] , le CNG a une nouvelle fois illustré avec ces Ecos blancs sa totale incapacité à mener à bien des concours équitables. Cette constance dans la médiocrité reste une certaine forme de performance », s’indigne Max, externe en 6e année, qui a lui aussi passé les Ecos blancs mardi, comme près de 8 000 étudiants.
Couacs
À moins de trois mois de l’examen final (organisé les 28 et 29 mai), l’inquiétude et la colère des étudiants sont donc palpables. Et pour cause, cette épreuve des Ecos – nouveauté de la réforme du second cycle de médecine – constituera 30 % de la note finale déterminant l'affectation des futurs internes (60 % pour les EDN et 10 % pour le parcours étudiant), sans compter que les étudiants doivent y obtenir au moins 10/20 pour accéder à la procédure d’appariement. L’épreuve des Ecos sera donc validante et classante pour l’accès à l’internat.
En tout état de cause, cet examen, qui consiste à évaluer les compétences des futurs médecins au travers de mises en situation clinique (dix stations réparties en deux épreuves de cinq stations), nécessite une lourde organisation et de la logistique pour les universités. « Pour vous donner une idée, à Rouen, pour 220 étudiants en médecine passant cette épreuve blanche, 100 personnes (service informatique, service technique, observateurs, etc..) ont été mobilisées de 6 heures à 18 heures pour que cette journée se passe bien », contextualise le Pr Benoit Veber, doyen de la faculté de Rouen et président de la Conférence des doyens de médecine.
« Il n’y a pas eu de crash »
Pr Benoit Veber, président de la Conférence des doyens
Malgré la bonne volonté des organisateurs et tous les efforts préparatoires, des dysfonctionnements ont perturbé le déroulé de l’épreuve. « Tout n’était pas parfait, concède le patron des doyens. Il y a eu des soucis informatiques, des ralentissements de connexion, quelques difficultés logistiques sur certains mannequins mais toutes ces imperfections vont être corrigées avant l’examen final de mai. L’intérêt d’un test est justement de pouvoir corriger les choses pour avoir un système encore plus opérationnel le jour J », relative le Pr Veber. L’anesthésiste-réanimateur juge de son côté qu’« il n’y a pas eu de crash ». « Tous les étudiants ont pu passer sur les cinq stations de manière quasi-synchrone. Nous n’avons pas eu besoin de réorganiser de mises en situation le lendemain. On reste évidemment vigilants et on ne baisse pas la garde mais les doyens sont soulagés, on sait désormais qu’on peut y arriver », résume-t-il.
« Que dire des patients standardisés qui se trompent dans leur scénarios, et disent l'inverse de ce qu'ils devraient dire ?
Pétition
Mais du côté des étudiants, le constat reste extrêmement amer. « Ecos : stop au carnage ! », écrit un collectif de carabins à l’origine d’une pétition en ligne lancée pour pointer les défaillances du nouveau système.
Les auteurs de cette pétition – qui cumulait ce vendredi déjà 4 500 signatures ! – estiment que les Ecos ne respectent absolument pas l’égalité des chances. « Que dire des patients standardisés qui se trompent dans leur scénarios, et disent l'inverse de ce qu'ils devraient dire ?, peut-on lire. Que dire des documents demandés qui ne sont pas délivrés alors qu'ils devraient l'être ? Que dire des examinateurs qui aident certains candidats en leur donnant des indices, en les aiguillant ou en leur notifiant le nombre de points qu'il reste à trouver ? Que dire des fuites des sujets qui semblent inévitables puisque déjà présente lors des Ecos tests, là ou l'enjeu est évidemment moindre ? Que dire des brouillons des étudiants laissés en place à la vue de tous avec le diagnostic de la station écrit ? »
Rendre les Ecos validants…mais non classants ?
Dans ces conditions, « rendre l’examen validant et non classant semble être l’option la plus envisageable », réclament les étudiants, précisant qu’un seul de ces problèmes peut anéantir « six années de dur labeur, briser des rêves». « Il est absolument inconcevable de laisser cet examen ruiner nos vies », se désolent-ils.
La demande des étudiants sera-t-elle entendue ? Le Pr Benoit Veber souhaite remettre les pendules à l’heure. « Cette réforme a été portée massivement par les représentants étudiants (l’Anemf). À l’époque les doyens ont plaidé pour que les Ecos soient validants et non classants au moins les premières années afin de pouvoir simuler l’impact de ce nouvel examen sur le classement final mais les étudiants n’avaient rien voulu entendre ! »
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