Mounir Mahjoubi, ancien secrétaire d'État, soutient le député Cédric Villani. Antonio Duarte rejoint Benjamin Griveaux. Tant que le président de la République ne remettra pas de l'ordre dans la mêlée de la République en marche (et comment pourrait-il le faire s'il n'annonce pas son propre choix ?), cette sorte de primaire au sein de la REM risque de faire beaucoup de victimes.
Quel était le calcul de M. Griveaux ? À Paris, la REM a remporté les élections législatives, puis les européennes. C'est dans la capitale qu'elle fait l'un de ses meilleurs scores. De son côté, la socialiste Anne Hidalgo est largement critiquée au sujet des défaillances de la propreté et de l'hygiène et d'une conscience écologique qui dérange beaucoup de Parisiens et de banlieusards. Toutes les conditions semblaient réunies pour que M. Griveaux l'emporte contre la maire sortante. Sauf qu'il n'a jamais été le seul à nourrir cette ambition. Ce qui lui donnait de l'assurance, c'est le soutien du président. Ce soutien est-il affaibli ?
La prestation de Cédric Villani en séduit plus d'un au sein de la majorité. Son originalité vestimentaire ne lui cause aucun tort. C'est un député qui travaille sans faire de bruit à l'Assemblée. C'est aussi un homme qui dit ce que tout le monde pense à la REM, à savoir qu'il ne faut pas qu'une élection soit une promenade de santé et que son candidat à la mairie de la capitale doit être non pas désigné par le chef de l'État mais élu par les Parisiens.
Une primaire montrerait les divisions internes du parti. Mais déjà, sans la primaire, ce qui se dit fait du mal à la majorité parce que, effectivement, toute élection municipale doit être protégée contre l'ingérence du pouvoir. Emmanuel Macron ne peut pas ignorer cet argument. On dit maintenant à l'Élysée que l'on préfère Griveaux mais que Villani n'est pas si mal. Un jour viendra où Macron s'en lavera les mains. Il ne le montre guère, mais Benjamin Griveaux a perdu de sa superbe. Sans le soutien du président de la République, il est un candidat comme les autres, la notoriété en plus. Y aura-t-il une primaire de la REM ? Griveaux se bat pour l'empêcher.
Un manque d'organisation
Pourtant, il peut qu'accepter le diktat démocratique. Il ne manque pas d'atouts pour gagner. Il risque, au sortir de la bataille, d'être affaibli et de ne plus être en mesure de battre Mme Hidalgo, qui le voit venir depuis un moment et se prépare à un affrontement sans merci. Il ne fallait d'ailleurs pas la sous-estimer. Griveaux la prend très au sérieux, mais il croyait que l'annonce de sa candidature suffisait à lui garantir le poste de candidat de la REM. Il s'aperçoit qu'il n'en est rien et qu'il va laisser des plumes dans une confrontation avec Villani.
Mais voilà que l'affaire se complique : Antoine Rufenacht, ancien maire du Havre, ne voit pas de meilleur candidat à la mairie de Paris qu'Édouard Philippe,qui rappelle que, pour le moment, il dirige le gouvernement. Et voilà que François Bayrou, qui donnerait un bras pour devenir Premier ministre, approuve Rufenacht. Tout ça est un beau gâchis car, en effet, Paris est un territoire de la REM. C'est tellement vrai que chacun des candidats a annoncé sa décision sans coordination aucune avec la direction du parti. Il suffisait qu'ils se concertent tous, décident ou non d'organiser une primaire, et à défaut, de tirer le nom du candidat définitif à la courte paille.
Dans cette affaire, on retrouve les tares originelles de la REM, la confiance en soi, la certitude de vaincre, des ambitions individuelles qui écrasent beaucoup de principes sur leur passage. Un peu d'inexpérience et une forte dose de hubris expliquent la situation actuelle : elle menace un atout de la majorité et elle fait un cadeau d'une générosité insoupçonnée à la maire actuelle de Paris. Moralité : au moment où tous les maires de France sont accablés par les problèmes budgétaires et des responsabilités écrasantes, il y a toujours des gens pour qui la fonction de maire est plus belle que toutes les autres.
PS- La commission d'investiture devait se prononcer hier soir sur le candidat à la mairie de Paris, ce qui n'enlèvera rien à la confusion qui a précédé la décision.