1 000 médecins dénoncent dans une tribune la situation alarmante de l'hôpital

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Publié le 16/01/2018
Mégaphone

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Crédit photo : GARO/PHANIE

Mille signatures pour tirer la sonnette d’alarme. Ce sont 1 000 médecins hospitaliers et cadres de santé qui signent ce mardi une tribune dans Libération pour dénoncer un système à bout de souffle. Le Pr Alain Fischer en charge de la concertation citoyenne sur la vaccination, le Pr Jean-François Bergmann, ancien vice-président de la commission des AMM de l'ANSM, le Pr Marie-Germaine Bousser, fer de lance des recherches sur la prise en charge des AVC, le Pr Dominique Maraninchi ancien directeur général de l’ANSM, ou encore l’urgentiste Patrick Pelloux, tous ont répondu à l’appel des Prs André Grimaldi, Jean-Paul Vernant et du Dr Anne Gervais pour signer cette tribune.

Ils y fustigent le « toujours plus avec toujours moins » prescrit à l’hôpital depuis des années, faisant notamment référence à la nouvelle cure de rigueur budgétaire de 1,6 milliard d’euros imposée aux hôpitaux alors que leur budget n’augmentera que de 2 %. « Pour maintenir l’équilibre budgétaire, les tarifs de la tarification à l’activité (T2A) vont être une nouvelle fois revus à la baisse », écrivent-ils. L’augmentation de l’activité combinée à une baisse des effectifs entraîne selon eux « une dégradation des conditions de travail, provoquant épuisement et démotivation des soignants et en conséquence, une baisse de la qualité des soins ».

Fin de la culture T2A

Cette tribune fait écho à l’interview en décembre dernier d’Agnès Buzyn à Libération. « Nous sommes arrivés au bout d’une histoire et d’un système, reconnaissait la ministre de la Santé. Par exemple avec la T2A : ce système a fait croire à l’hôpital public qu’il devait se sentir une âme d’entreprise. » Déjà en avril, le rapport Véran sur le financement des hôpitaux recommandait de limiter la T2A. Mais pour les signataires le temps des promesses doit cesser, il faut agir. « François Hollande avait promis l’abandon du tout-T2A, Emmanuel Macron a fait la même promesse. Il faut maintenant agir vite avant qu’il ne soit trop tard ! », exhortent-ils.

Maintenir le nombre de soignants 

Les signataires fixent cinq conditions indispensables à la construction d'un véritable « service de santé de proximité ». Ils demandent de limiter la place de la T2A aux soins standardisés et programmés, d’introduire pour les autres soins d’autres modes de financement comme celui à l’épisode de soins ou une dotation annuelle modulée en fonction de l’activité. « Cette dotation permettrait aux professionnels d’organiser des prises en charge ambulatoires et de développer le suivi par télémédecine », expliquent-ils. Ils préconisent aussi d’assurer une stabilité des tarifs correspondant aux coûts réels et de maintenir un nombre de soignants suffisant pour assurer la sécurité des patients et la qualité des soins. Enfin ils appellent à regrouper l’activité, « quand cela est pertinent par rapport aux besoins de santé des territoires concernés ».

Autre signe du malaise ambiant, deux intersyndicales de praticiens hospitaliers (Avenir hospitalier et CPH) ont par ailleurs réclamé lundi dans un communiqué un « Grenelle de l'hôpital », estimant que la « situation de l'hôpital public (devenait) de plus en plus explosive ».


Source : lequotidiendumedecin.fr