Des traces de perturbateurs endocriniens, des polluants qui perturbent le système hormonal, Le bisphénol A, les phtalates, les pyréthrinoïdes (insecticides), les dioxines, les furanes, les PCB, les retardateurs de flamme et les composés perfluorés ont été retrouvées chez quasiment toutes les femmes enceintes au cours d'une étude de Santé Publique France publiée mercredi 7 décembre, la première de cette ampleur qui a porté sur plus de 4.000 femmes.
L'agence a testé la présence de ces substances dans l'urine de plus de 4.000 femmes ayant accouché en 2011 en France métropolitaine. Elle a ensuite dosé leur concentration sur un panel allant de 208 à 1.764 femmes selon les molécules.
Le bisphénol A, utilisé dans la fabrication de certains plastiques et résines et partiellement interdit en France depuis 2010, a ainsi été retrouvé chez plus de 70% des femmes. Et la quasi totalité - 99,6% - présente des traces de phtalates, qui entrent dans la composition de nombreux produits de consommation courante (emballages alimentaires, produits cosmétiques, produits d'entretien, peintures...).
La totalité des 208 femmes testées pour les dioxines, les furanes et les polychlorobiphényles (PCB) présentait « un niveau de concentration quantifiable pour au moins une de ces substances ». Ces composants chimiques aujourd'hui interdits, persistent très longtemps dans l'environnement et s'accumulent dans les tissus de ceux qui les ingèrent, en particulier les poissons. Les déterminants des niveaux d’imprégnation mis en évidence dans ce travail sont cohérents avec les usages et les sources d’exposition connues des polluants organiques : consommations alimentaires, utilisation de produits d’hygiène (phtalates), utilisation domestique d’insecticides (pyréthrinoïdes), etc.
La concentration de ces substances était toutefois en légère baisse par rapport à des études antérieures. Ces diminutions pourraient s’expliquer en partie par la mise en place de réglementations (atrazine, dioxines, furanes) et par des réductions d’usages liées aux évolutions industrielles (bisphénol A, certains phtalates et pesticides organophosphorés).
L’étude de Santé publique France met en œuvre un Programme national de biosurveillance, tel que prévu dans la loi dite «Grenelle 2». Il repose sur la réalisation de deux volets. D'une part, un volet périnatal s’appuyant sur un sous-échantillon de 4 145 femmes enceintes ayant accouché en 2011 en France continentale (hors Corse) et incluses dans le volet biologique de la cohorte Elfe2. D'autre part, une étude nationale transversale nommée Esteban (Etude de SanTé sur l’Environnement, la Biosurveillance, l’Activité physique et la Nutrition) qui porte sur la population générale à partir d’un échantillon de 4 000 adultes (18-74 ans) et de 1 000 enfants (6-17 ans). La phase opérationnelle de cette étude a débuté en 2014.
Les résultats d’imprégnation de ce Tome 1 seront complétés d’un Tome 2 qui présentera les niveaux d’imprégnation par les métaux et leurs déterminants. L’analyse approfondie des résultats produits dans le volet périnatal fera l’objet d’un Tome 3 qui permettra de fournir des éléments d’aide à la décision aux acteurs de santé publique notamment en contribuant à établir des recommandations relatives aux sur-imprégnations constatées par les pyréthrinoïdes et les PCB.
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