Comment se sont déroulées les réflexions autour du SAS ?
Dr Alain Prochasson : Nous avons élaboré la partie « SAS » du rapport sur la refondation des urgences avec l’aide des inspecteurs de l’Igas. Nous avons étudié à la demande de la ministre tous les scénarios qui permettraient d’améliorer l’accès aux soins pour que cela soit plus simple, plus moderne, plus rapide et plus efficient pour les patients. Nous avons étudié tous les scénarios possibles en nous fondant sur des données statistiques et scientifiques, comme le nombre d’appels dans les différents services actuellement. Nous sommes arrivés à trois scénarios et avons privilégié celui du numéro unique, le 113, qui répond à toutes les demandes. L’objectif est d’avoir un décroché en moins de 30 secondes et de répondre dans les meilleurs délais, en particulier pour les urgences vitales. Le défi est, grâce à des outils modernes, de faire en sorte que les patients n'arrivent pas systématiquement sur ce SAS par téléphone mais qu'ils puissent faire la différence entre ce qui relève de l’Aide médicale urgente (AMU) et ce qui est du ressort des soins non programmés en ville.
Pourquoi avoir écarté la possibilité d'une régulation ambulatoire via le 116 117, comme le demandent les syndicats de libéraux ?
Dr A. P. : Le 116 117 faisait partie de l'un des scénarios. Mais nous en avons privilégié un autre car pour nous, ce numéro représente des pertes de chances et de temps. Le 116 117 ne pourrait pas se mettre en place rapidement sur tout le territoire français mais essentiellement là où il est déjà connu et là où il y a des médecins disponibles pour répondre 24 heures sur 24. Compte tenu de la démographie médicale, cela ne nous est pas apparu comme la meilleure formule. La décision de retenir tel ou tel scénario reviendra cependant à la ministre de la Santé puis au président de la République, qui se baseront sur les éclairages que nous avons pu donner.
Qu'est-ce que le SAS va changer concrètement pour la régulation ambulatoire ?
Dr A. P. : Les généralistes sont déjà nombreux à réguler dans beaucoup de départements et continueront à le faire. La priorité sera toujours d'inciter les patients à faire appel à leur médecin traitant et de respecter les organisations qui existent sur le terrain. De nouveaux métiers vont apparaître, comme celui d'opérateur de soins non programmés. À l’instar des ARM hospitaliers, ils seront des régulateurs formés, chargés d'orienter les patients vers les CPTS, les ESP ou des médecins qui acceptent de prendre des soins non programmés (SNP). Ils pourront aussi réorienter vers la branche AMU quand la situation nécessite une réponse urgente. Des infirmières, des assistants médicaux, etc., participeront aussi à cette nouvelle organisation.
La rémunération des régulateurs et effecteurs ambulatoires a-t-elle fait partie des discussions du groupe de travail ?
Dr A. P. : Tout à fait. Mais tout devra passer par une négociation conventionnelle entre la Cnam et les représentants syndicaux afin de fixer la rémunération des régulateurs, des opérateurs de SNP et, bien sûr, des effecteurs avec des majorations, des astreintes, etc. D’autant que cette plateforme prévoit un accompagnement 24 heures sur 24. Même si cela est amené à fonctionner jour et nuit, cela ne sera pas partout possible. Dans certains endroits déficitaires en médecins, il faudra faire du supra-départemental et se reposer sur l'AMU. Rappelons que dans de nombreux départements, il n’y a plus de PDSA la nuit, donc plus de régulation. Dans ces cas, nos partenaires évidents restent les régulateurs urgentistes.
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