Il a cessé son activité de médecin généraliste en 2015. Mais a poursuivi ses fonctions d’élu au conseil départemental du Calvados et de maire de la commune de Valdallière jusqu’en en 2021. « J’avais passé 70 ans et je considère que c’est un âge où il est temps de ne pas prendre de nouveau mandat », raconte le Dr Michel Roca, depuis la maison de santé de Noirmoutier (Vendée). Le praticien de 75 ans, entre autres lieux, y effectue, depuis trois ans, des remplacements pendant la période des fêtes pour permettre à ses confrères de prendre des congés.
« À Noirmoutier, mon épouse et moi avons une maison de vacances. Il y a trois ans, des amis ont parlé à leur médecin traitant en leur disant que je pouvais donner un coup de main », poursuit le « jeune » retraité. « Au moment des vacances de Noël de 2021, pour la première fois, je n’avais pas la garde de mes petits-enfants. J’ai dit banco », développe le généraliste, qui a passé son exercice précédent à travailler en solo à l’ancienne. « J’étais informatisé, cela dit, mais j’étais médecin de campagne dans un canton sans feu rouge et sans rond-point », précise-t-il. Aujourd’hui, que pense-t-il des nouvelles conditions d’exercice ?
Une « usine à gaz »
« Là, je découvre les conditions administratives dans lesquelles exercent aujourd’hui les médecins, qui sont étonnantes. Je comprends mieux pourquoi les jeunes veulent être en groupe et demandent des assistants médicaux. C’est une usine à gaz. On vit avec des mails pour avoir un contact avec les spécialistes et répondre aux demandes de l’Assurance-maladie », déplore le Dr Roca.
On vit avec des mails pour avoir un contact avec les spécialistes et répondre aux demandes de l’Assurance-maladie
Dr Michel Roca
Un état de fait qui l’amène à questionner l’évolution de la pratique. « On dit que ma génération était débordée, mais elle l’était par du temps médical, pas par du temps administratif », observe-t-il.
« Et quand j’avais besoin d’un rendez-vous avec un spécialiste, je n’avais qu’à décrocher mon téléphone pendant que j’avais le patient en face de moi. On n’a plus le réseau des correspondants spécialistes “en live”. »
Une relation humaine « à l’ancienne »
Côté patients et colloque singulier, le Dr Roca note que ces derniers lui disent que « ça leur fait plaisir que j’écrive avec mon stylo-plume quand je les écoute ». Comme une forme de relation humaine à l’ancienne. « Je crois que les malades, comme les médecins d’ailleurs, souffrent de l’omniprésence de l’ordinateur et du clavier pour enregistrer les observations pendant les consultations. Cela aboutit à des “clics” permanents. »
C’est à ce moment, dans l’interview, que la voix de son épouse, Élisabeth, se fait entendre via le haut-parleur du téléphone. Rappelant que si les jeunes générations ont poussé pour sortir du modèle du généraliste de famille en solo, c’est bien parce qu’eux aussi ont le droit d’avoir une vie de famille, sans que ce soit au détriment de leurs patients. Ce que reconnaît, illico, Michel Roca. « Moi, ma vie, c’était la médecine. Ces remplacements, c’est un peu mon cadeau de Noël. Je refais médecine, je suis content ! »
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