Dans un contexte où les prescriptions d’indemnités journalières (IJ) des médecins généralistes sont auscultées à la loupe par les services de l’Assurance maladie, l’enquête flash lancée le 6 juillet dernier que vient de publier l’URPS médecins libéraux Île-de-France (Union régionale des professionnels de santé) lève le voile sur les raisons qui les conduisent à prescrire ces arrêts de travail.
Motif numéro un, cité par l’ensemble des 973 praticiens ayant répondu au questionnaire : les troubles anxio-dépressifs, qui se placent devant les pathologies infectieuses ou douloureuses. Dans le détail, l’URPS relève que « parmi les verbatims qui reviennent le plus souvent dans les demandes d’arrêt de travail » formulés par les patients, le stress, l’anxiété la dépression, le surmenage l’angoisse et le harcèlement se placent en pole position.
Davantage de demandes ces trois dernières années
Quant à la question de savoir s’ils ont observé une augmentation des prescriptions d’IJ dans leur pratique, la moitié des médecins interrogés (généralistes, psychiatres et rhumatologues) répondent par l’affirmative, « avec une accélération durant les trois dernières années ». Il n’est donc pas surprenant que ceux qui constatent cette hausse, l’expliquent principalement « par les effets du Covid et la dégradation des conditions de travail ressenties par leurs patients ».
Conséquence logique, les répondants à l’enquête déclarent « recevoir très peu de demandes de prescriptions d’arrêts de travail qui leur paraissent injustifiées ». À noter que moins de 10 % disent en recevoir régulièrement et que les prescriptions d’IJ se font majoritairement de visu, au cabinet des médecins. En effet, moins de 10 % des médecins interrogés affirment en prescrire régulièrement en téléconsultation.
Menaces et pressions
Ce phénomène d’augmentation globale des prescriptions d’IJ de la part des médecins franciliens n’est pas passé inaperçu auprès de la Cnam. 18 % des répondants déclarent « avoir déjà reçu un courrier de l’assurance maladie au sujet du niveau de leurs prescriptions d’arrêts de travail »*. Alors même que dans certains cas, ces médecins ont dû devoir prolonger une IJ « du fait de la situation socio-professionnelle du patient ou de délais d’obtention d’examen(s) complémentaire(s) ». Plus inquiétant, un tiers des praticiens (31 %) disent avoir subi, de la part des patients, « des menaces ou des pressions pour les forcer à prescrire un arrêt de travail ».
Enfin, concernant la pertinence même de certaines IJ, 76 % des répondants franciliens seraient favorables à la suppression de leur obligation de prescription pour les arrêts de travail de moins de 4 jours. Quant aux arrêts de longue durée, neuf médecins sur dix répondent qu’ils seraient aussi favorables à la mise en place d’une alternative à l’arrêt de travail, via un télétravail aménagé.
Pour mémoire, France entière, la Cnam a déjà convoqué 5 000 médecins généralistes pour des entretiens liés à leur prescription « atypique » d'IJ, Bercy souhaitant grandement diminuer les dépenses de la branche maladie de la Sécu.
*« Le Quotidien » a lancé une enquête en ligne auprès de médecins ciblés par la Cnam pour surprescription d'IJ. Il est encore possible d'y répondre tout l'été. À vous la parole ! Les résultats seront publiés à la rentrée de septembre.
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