Journée de lutte contre les violences faites aux femmes

La HAS et l’Assurance maladie déploient un nouvel outil d’aide au repérage des violences conjugales

Par
Publié le 23/11/2022

Un nouvel outil pour encourager les médecins à dépister systématiquement les violences conjugales dans leur patientèle vient d’être déployé par la Haute Autorité de santé (HAS). Sur une page, il propose une simplification des recommandations parues en 2019.

Crédit photo : GARO/PHANIE

En 2019, la Haute Autorité de santé (HAS) publiait des recommandations à destination des professionnels de santé pour les aider à repérer les femmes victimes de violences au sein du couple. Elle incitait les généralistes à aborder la question systématiquement en consultation avec leurs patientes même en l’absence de signes d’alerte, sur d’éventuelles violences conjugales actuelles ou passées.

À quelques jours de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes du 25 novembre, elle met à disposition un nouvel outil à l'attention des médecins.

En effet, force est de constater que la recommandation de 2019 est encore peu appliquée. Selon une enquête BVA pour la HAS réalisée en octobre 2022*, seules 3 % des femmes ayant consulté un médecin généraliste au cours des 18 derniers mois se rappellent avoir été interrogées sur ce sujet.

« De fait, les obstacles à l’application de cette recommandation sont nombreux : méconnaissance de la recommandation, manque de formation (ampleur du problème, phénomène d’emprise…), crainte de dégrader la relation avec la patiente, sentiment d’impuissance… », souligne la HAS.

L’autorité réaffirme pourtant le rôle clé des généralistes dans le repérage, de par la relation de confiance qu’ils entretiennent avec leurs patientes notamment.

« Ils sont bien souvent les premiers professionnels auxquels s’adressent les femmes victimes de violences », rappelle la HAS dans un communiqué.

Huit femmes sur dix estiment d’ailleurs que c’est important, légitime et rassurant que le médecin questionne ses patientes sur les violences et 96 % trouvent que le questionnement systématique est une bonne chose.

Pour améliorer l’appropriation de la recommandation par les médecins, la HAS a mené une expérimentation auprès de plus de 1 100 médecins généralistes en partenariat avec l’équipe sciences comportementales de la Direction interministérielle de la transformation publique (DITP). Une expérimentation qui donne lieu aujourd’hui à la publication d’un nouvel outil d’aide au repérage des violences conjugales.

76 % de dépistages en plus

En effet, lors de cette expérimentation, deux solutions ont été testées auprès du panel de médecins généralistes. Une recommandation simplifiée avec un « regroupement drastique d’informations jusqu’ici très nombreuses et éparses », explique la HAS. L’autre solution était celle d’un questionnaire de prévention pouvant servir de guide d’entretien aux praticiens.

« La recommandation simplifiée s’est avérée l’option la plus prometteuse », détaille la HAS expliquant que le nombre de dépistages effectués par semaine s’est élevé à 4,4 pour le groupe test contre 2,5 pour le groupe contrôle.

« Les conseils pratiques de cette solution ont été appréciés car ils offrent des pistes aux médecins généralistes pour dépister des violences sans froisser leurs patientes. »

En revanche le questionnaire de prévention a été moins utilisé car il demandait plus d’efforts et de temps de la part du médecin et de la patiente.

Globalement avec l’un ou l’autre outil, l’expérimentation a permis de constater que la mise à disposition de ces solutions permettait une augmentation de 76 % du nombre de dépistages réalisés, ce qui représente deux femmes de plus questionnées chaque semaine. « Une augmentation encore relative mais encourageante, qui montre l’intérêt d’accompagner les médecins avec des outils adaptés », souligne la HAS.

Recommandation synthétisée en une page

La Haute Autorité avec l’appui de l’Assurance maladie a donc décidé de diffuser largement cette recommandation simplifiée à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Elle résume sur une seule page les informations essentielles, en trois catégories : pourquoi repérer, comment questionner et comment réagir en cas de violences. « Pour alléger la charge cognitive des médecins et favoriser la mémorisation de la recommandation », précise la HAS. La fiche rappelle aussi les numéros et sites utiles pour proposer un accompagnement.

Pour améliorer l’appropriation de cette recommandation, la HAS indique dans son communiqué qu’elle organisera en 2023 un webinaire sur les violences conjugales. Elle compte aussi reproduire son enquête BVA régulièrement pour mesurer l’évolution de la mise en œuvre de cette recommandation en médecine générale

*sur un échantillon national représentatif de 875 femmes ayant consulté un médecin généraliste (traitant ou non) au cours des derniers 18 mois au cabinet ou en téléconsultation


Source : lequotidiendumedecin.fr