C’est pour être belles que, sans être nées en Chine ou au Japon, les jeunes filles et même des jeunes gens, qui sont un peu filles sur ce point, chaussent des bottines trop étroites ou, pour avoir une taille de guêpes, qui sont cependant de bien vilaines bêtes, se torturent le thorax avec leur corset, etc.
Mais on ne sait pas souffrir ni même se gêner un peu pour conserver la santé qui est pourtant, de l’avis de tous, mais surtout de ceux qui sont devenus malades, le premier de tous les biens.
Ce qui me suggère cette idée, c’est le spectacle que nous donnent en ce moment les populations affolées qui se précipitent aux portes des instituts vaccinaux. Ce n’est pas que j'aie envie de blâmer cet affolement, bien au contraire, ni son résultat.
Je ne puis cependant m’empêcher de penser que si tous ces affolés s’étaient depuis longtemps fait revacciner en temps utile, ils seraient beaucoup plus à l’aise aujourd’hui, et bien mieux garantis contre la variole.
Il a fallu que les journaux politiques annonçassent que « la variole noire » surgit, au moment où j’écris, un peu partout : à Paris, dans le Nord, le Midi, à la plaine ou à la montagne, pour rappeler à nos populations que « la vaccine » est le remède prophylactique contre ce terrible fléau.
La variole est vraiment un anachronisme aujourd’hui.
Il est de bon ton et toujours très spirituel de dire que la médecine est impuissante et que les médecins ne servent à rien. Il suffit cependant qu’une maladie épidémique montre le bout de son nez pour que tous les esprits forts se pendent à nos sonnettes à toute heure de jour et de nuit pour crier au secours.
Il serait pourtant bien simple, le plus souvent, d’écouter nos conseils prophylactiques, quand on se porte bien, et de se faire vacciner tous les cinq ou six ans.
C’est là une petite opération bien anodine et qui, avec les tubes de vaccin de génisse, n’exige pas un bien grand dérangement pour les médecins et pour le client.
De deux choses l’une : le vaccin prend ou ne prend pas. S’il prend, c’est qu’il était urgent d’y recourir ; s’il ne prend pas, on en est quitte pour quelques petites piqûres, et on recommencera l’année suivante.
Dans les deux cas on est tranquille et on n’a rien à craindre de la variole.
Mais je vous le dis : on souffre volontiers « pour être belle » et le plus petit dérangement aux habitudes pour prévenir les maladies : allons donc, on a toujours le temps !
Et quand on tombe malade, c’est la faute aux médecins !
(Dr Léon Leriche in « La gazette médicale du Centre », 1er avril 1907)
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