Après le Dr Chapon, qui a étudié la question pour Paris, le Dr Julien Noir vient, à son tour, d’ouvrir une enquête sur le budget du médecin dans les différentes régions de France. Son but, nous dit-il, était « d’établir le minimum de frais qu’un jeune médecin est tenu de faire dès son installation, en bornant ses dépenses au strict indispensable pour exercer sa profession ; toutes les dépenses de luxe et de plaisir étant exclues de ce budget qui, cependant, doit permettre au jeune docteur de vivre sans privation ».
En prenant pour type du budget des dépenses du praticien celui d’un célibataire, on arrive à cette constatation qu’une notable partie de nos confrères non mariés – et a fortiori ceux qui ont des charges de famille – ne couvrent pas leurs frais !
Mais alors, direz-vous, comment vivent-ils ? À quoi répond le Dr Julien Noir : « Les uns, petits propriétaires ou petits rentiers, vivent sur leur patrimoine ; leurs revenus et ceux de la dot de leur femme servent d’appoint aux ressources qu’ils tirent de leur profession quand ce ne sont pas les honoraires qu’ils touchent qui constituent l’appoint de leurs revenus… Les praticiens qui n’ont aucune fortune sont obligés de restreindre leurs dépenses en s’imposant les plus dures privations… Ce n’est qu’avec des prodiges d’économies, dit un praticien bourguignon, que la famille du médecin arrive à tenir honorablement son rang dans les petits postes de campagne ».
La profession, dit un autre, est trop encombrée ; l’auto, écrit un troisième, est notre ruine. À part quelques rares privilégiés qui ne se plaignent pas de leur sort, la plupart avouent qu’ils ne joignent pas les deux bouts.
Et l’on parle du prolétariat ouvrier ! Est-ce que, par hasard, les prolétaires intellectuels ne seraient pas aussi intéressants aux yeux de nos politiciens ? Un certain nombre de ceux-ci, il est vrai, sont des confrères ; mais une fois revêtus de la dignité de législateur, prennent-ils souci de la profession qu’ils ont un temps exercée ?
Hélas ! leur réélection les préoccupe bien autrement !
(La Chronique médicale, 1912)
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