Le Fisc, à court d’argent, a pensé tout de suite à ces bons médecins et pharmaciens ! Et il va imposer les spécialités pharmaceutiques.
Et le Fisc n’y va pas de main morte ! À quoi bon se gêner, rien que 10 % d’un coup sur une spécialité généralement composée de produits qui paient déjà séparément et avant d’être spécialisés et groupés. De telle sorte que quelques spécialités à base d’alcool et d’alcaloïdes paieront presque 60 et 80 % de leur valeur marchande.
Et dire que nous avons dans les deux Chambres une centaine de médecins et pharmaciens qui, pris séparément, nous jurent leurs grands dieux, avant les élections, qu’ils n’oublieront pas qu’ils sont de la maison et qu’ils prendront en mains la défense de nos intérêts professionnels.
Juge un peu, mon bon, s’ils ne les prenaient pas en mains ! Je sais bien que l’on fait valoir que les fabricants de spécialités sont de gros richards qui spéculent sur les bonnes têtes des prolétaires de la médecine et de la pharmacie, et que la spécialité s’adresse au bon gogo de millionnaire qui ne veut pas prendre la même drogue que son domestique ou son épicier.
Et la preuve c’est que les sociétés de secours mutuels (encore une institution dont peut être fière la corporation médicale et pharmaceutique) ; parlons-en ! et les administrations hospitalières proscrivent toutes les spécialités.
En voilà une preuve qui vaut son pesant de raison moutonnière ! et qui prouve tout bonnement que les administrateurs de ces sociétés et de ces hospices sont des ad-mi-ni-stra-teurs et raisonnent comme des ronds de cuir.
La vérité est que les bureaucrates du Fisc se sont tenu le raisonnement suivant : si nous imposons les objets de luxe ou de nécessité secondaire, il y a un tas de gens qui se passeront de ces objets et c’est nous qui passerons pour des imbéciles car nous en serons pour nos moins-values d’évaluations budgétaires, mais comme il y a toujours des malades et que ces malades seront forcés de recourir aux médicaments dans lesquels leurs médecins ont le plus de confiance, nous sommes sûrs du rendement.
Les médecins et les pharmaciens sont des gens qui gagnent déjà trop d’argent et ne paient pas assez d’impositions : allons-y carrément.
Et puis un impôt sur les spécialités, ça ne peut pas donner de mécomptes : où commence la spécialité ? La pâte de jujube et le sulfate de soude sont des spécialités pourvu que le potard les vende dans une boîte portant son nom et son adresse.
Au train dont vont les choses, il y aura l’an prochain impôt sur le cheval du Docteur, sur le binocle et la canne du Docteur.
En 1907, le médecin et le pharmacien sont toujours les corvéables et taillables à merci et ils peuvent être fiers de leur diplôme en regardant la colonne de leurs impôts.
(Dr Léon Leriche, La gazette médicale du Centre, 1er février 1907)
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