Suite au rapport intermédiaire de la mission Sellier-Oustric-Bérard sur les arrêts de travail et les indemnités journalières, le ministère de la santé a d’ores et déjà annoncé vouloir agir sur deux volets : favoriser les mi-temps thérapeutiques et rendre obligatoire la dématérialisation des arrêts de travail.
Sur ce deuxième point, les médecins ne semblent pas convaincus de l’intérêt de la mesure. Le syndicat des jeunes médecins généralistes (SNJMG), « désapprouve le principe "sec" d’une obligation de dématérialisation », souhaitant une démarche incitative à l’image de ce qui se fait pour la télétransmission des feuilles de soins électroniques. MG France, de son côté, s’interroge sur l’intérêt même de la mesure par rapport au but recherché. Le syndicat considère dans un communiqué que la dématérialisation « ne constitue ni une politique de maîtrise des dépenses ni une politique de santé publique ». MG France estime que les éléments médicaux qui justifient un arrêt de travail sont déjà connus parfaitement aujourd’hui lors d’un accident de travail ou une maladie professionnelle sans que cette information supplémentaire influence les chiffres.
La priorité, lutter contre la désinsertion professionnelle
Pour le syndicat, la vraie priorité à laquelle il faut s’attaquer est la question de la désinsertion professionnelle « qui menace les salariés en arrêt de travail prolongé ». « Les salariés en arrêt de travail depuis six mois n’ont que 50 % de chances de retrouver le chemin de leur travail », explique MG France. Le syndicat suggère que soit proposée au patient, pour les arrêts d’au moins un mois, une procédure de coopération entre le salarié, son médecin traitant et le médecin du travail pour évaluer les conditions et modalités de reprise du travail. Elle « pourrait prendre la forme d’une note transmise par le salarié lui-même au médecin du travail, précisant les mesures d’adaptation souhaitables », comme du temps partiel thérapeutique, du télétravail, un aménagement de poste etc.
Le médecin traitant serait également impliqué dans cette démarche pour définir les conditions de la reprise. Le syndicat préconise aussi un renforcement de l’action des médecins-conseils pour aider particulièrement les salariés qui n’ont pas été en mesure de reprendre contact avec l’employeur. « Il s’appuiera sur un dialogue avec le médecin traitant et pourra utiliser les services d’un facilitateur pour aider le salarié dans ses démarches de retour à l’emploi », souligne MG France.
Plutôt que des contrôles statistiques sur les prescripteurs, qui ne pourront en rien enrayer la croissance du volume des IJ, qui est « amenée à se poursuivre » en raison de l’augmentation de la population active et le recul de l’âge de la retraite, MG France appelle donc à se concentrer plutôt sur la lutte contre la désinsertion professionnelle.
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