Depuis 2014, le Dr Élodie Venot-Goudeau, qui exerce à Civry (Eure-et-Loir), est autorisée à délivrer des médicaments à sa patientèle. Comme près d'une centaine de généralistes en France, elle est propharmacienne et bénéficie d'une dérogation de l'Agence régionale de santé (ARS). Mais le syndicat des pharmaciens d'Eure-et-Loir a décidé de lui mettre des bâtons dans les roues.
Contestant le renouvellement de la dérogation, le syndicat a porté l'affaire devant le tribunal administratif en février 2016, dévoile l'Écho républicain. Le rapporteur public a d'abord donné raison à la généraliste, estimant que la décision revenait à l'ARS de délivrer ou non l'autorisation. L'affaire est désormais devant la Cour d'appel de Nantes, qui devrait rendre son jugement dans les prochaines semaines.
Une spécificité qui disparaît
Le syndicat des pharmaciens dénonce notamment un système désuet. Contacté par Le Généraliste, le vice-président du syndicat Sébastien Michel défend : « L'autorisation avait été délivrée au prédécesseur de la généraliste dans les années soixante-dix, à l'époque où les transports n'étaient pas les mêmes qu'aujourd'hui. Il y a des pharmacies à moins de 15 kilomètres de Civry. » Le Dr Venot-Goudeau est aussi habilitée à délivrer des médicaments dans quatre autres communes : Villiers-Saint-Orien, Varize, Conie-Molitard et Bazoches-en-Dunois.
Les médecins propharmaciens étaient initialement autorisés à délivrer des médicaments dans les zones difficilement accessibles en transports. Aujourd'hui, cette spécificité disparaît petit à petit. Leur nombre a été divisé par deux ces quinze dernières années. « Il en existe encore en région montagneuse où il n'y a pas d'officine », ajoute Sébastien Michel. Ce dernier avance aussi un argument lié à l'accès aux soins. « Aujourd'hui, les généralistes ruraux demandent plus de temps médical. Or l'activité de propharmacie prend du temps. »
Contactée, le Dr Venot-Goudeau n'a pas souhaité répondre au Généraliste. Son avocat précisait dans l'Écho républicain que la propharmacie permettait à la généraliste de venir en aide à une patientèle « composée à 26 % de personnes de plus de 70 ans », et qui « ne vivent pas forcément à proximité d’une officine ».
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