Homéopathie : rejet de deux plaintes pour anticonfraternité, « la liberté d'expression » invoquée

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Publié le 17/10/2019
Granules

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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

À chaque audience sa décision. Alors que les chambres disciplinaires de première instance (CDPI) des conseils de l'Ordre de Champagne-Ardenne et des Pays de la Loire avaient chacune averti — pour manque de références scientifiques dans le second cas — deux praticiens signataires d'une tribune de mars 2018 réclamant le déremboursement de l’homéopathie, celle de Bourgogne-Franche-Comté a rejeté lundi deux plaintes du SNMHF (Syndicat national des médecins homéopathes français). 

À l'été 2018, estimant que la tribune était diffamatoire et anti-confraternelle, l'organisation avait déposé 70 plaintes auprès des ordres départementaux de praticiens signataires.

« Des termes vifs » mais qui n'excèdent pas « les limites de la polémique »

Pour se défendre, les deux praticiens entendus par la CDPI du CDOM de Bourgogne-Franche-Comté ont fait valoir que la tribune se « basait sur des éléments factuels, l'absence de fondement scientifique faisant consensus » et qu'elle « ne dénigr[ait] ni sa profession, l'homéopathie n'étant pas un élément constitutif de la profession de médecin ou une spécialité reconnue comme telle, ni un confrère ».

Dans ses décisions, dont Le Généraliste a eu copie, la CDPI explique qu'en cosignant la tribune, les signataires ne « peuvent être regardés comme ayant méconnu les exigences de la confraternité s'imposant aux médecins ». Pour les défenseurs des granules, c'est un second revers d'affilée, après celui infligé début septembre par le tribunal correctionnel de Créteil. Celui-ci avait débouté une plainte pour diffamation à l'encontre d'un généraliste ayant associé homéopathie et « charlatanisme ».

La Chambre reconnaît que les critiques formulées par les signataires « l'ont été en des termes vifs et qui ont pu paraître expressifs » mais note que celles-ci n'ont pas « excédé les limites de la polémique » et de la « liberté d'expression sur un thème d'intérêt général ».

L'instance estime en outre que « les propos dénoncés par le SNMHF ne visaient aucun médecin précisément identifié » et souligne que « les termes employés étaient impersonnels ». La CDPI considère donc qu'à l'inverse de ce que soutient l'organisation, les signataires n'ont « expressément qualifié aucun de leurs confrères de "charlatan" »

Enfin, la chambre rappelle que le SNMHF avait la possibilité de répondre à cette tribune.


Source : lequotidiendumedecin.fr