Cette fois-ci pourrait être la bonne. De nouvelles modalités de calcul et un changement de nom plus tard, la version 2016 de la réforme de la retraite complémentaire vient d’être adoptée par le Conseil d’Administration de la CARMF. Qui plus est « à l’unanimité » des administrateurs de la CARMF, se targue l’institution, et surtout avec « le soutien de la majorité des syndicats : FMF, le Bloc, MG France et SML ». La retraite « en temps choisi » de Thierry Lardenois prend donc la place de la très polémique « retraite à la carte » portée par Gérard Maudrux jusqu’à son départ de la présidence de la CARMF, en novembre dernier.
Commun aux deux projets de réformes de la retraite complémentaire, le principe initial repose sur un abaissement de l’âge « normal » du départ à la retraite. Il s’agit par là de le porter à 62 ans, contre 65 ans aujourd’hui. Autrement dit de considérer que le taux plein s’obtiendra désormais trois ans plus tôt qu’actuellement. Mais cette translation ne concerne pas pour autant le niveau de la retraite. Et c’est d’ailleurs là que réside la différence essentielle entre les réformes : le pourcentage de décote appliqué à la retraite, entre ces deux âges.
La dernière mouture de la retraite complémentaire prévoit que « le niveau de la retraite (à 62 ans) sera légèrement supérieur au niveau actuel avant 65 ans, et égal à 65 ans ». Plus précisément, le montant de la retraite à 62 ans correspondra à 87% de celui auquel peuvent prétendre les médecins de 65 ans. Un pourcentage qui, grâce aux majorations annuelles de 5% pendant 3 ans, permettra de retrouver les 100% de la retraite actuelle à 65 ans. Au-delà, les majorations seront réduites à 3% par an et pourront perdurer jusqu’aux 70 ans du praticien.
Si le mécanisme est identique à celui de la réforme Maudrux présentée en 2014 (on part quand on veut à partir de 62 ans et si on veut au-delà de 65), les chiffres différent quant à eux. A l'époque, la retraite « à la carte » retenait en effet 85% du niveau de pension à taux plein en guise de montant initial. Elle prévoyait également des majorations annuelles de 5%. Mais partant d’un montant inférieur à celui retenu par l'actuel projet Lardenois, elle n’atteignait le taux de 100% qu’après 65 ans. Les médecins étaient ainsi incités à travailler six mois supplémentaires pour bénéficier d’une retraite identique à celle que touchent actuellement les praticiens de 65 ans.
La CSMF et MG France voyaient là un moyen déguisé de reculer l’âge du départ à la retraite. Or conserver cet acquis est essentiel aux yeux des syndicats. Et des modifications ont justement été portées aux cotisations et montants des pensions, les deux autres leviers d’action du mécanisme des retraites.
L'autre dimension à la réforme adoptée par les administrateurs de la CARMF vise à inciter les médecins à travailler plus tard, en contre-partie d’une bonification de leur retraite. Et peut-être leur faire préférer ce mécanisme à celui du cumul emploi-retraite. Car même si les médecins "cumulards" continuent de payer leur cotisation, ils perçoivent également une retraite, empêchant par-là la CARMF de renflouer ses caisses. Et l’obligeant à la lui verser à partir de 65 ans et, par suite, plus longtemps. Reste à savoir si les praticiens seront sensibles à un éventuel changement des règles du jeu, qui suppose que la tutelle donne son aval à la CARMF.
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