Emmanuel Macron a annoncé que le confinement serait prolongé en France jusqu'au 11 mai, lors d'une intervention télévisée ce lundi, la 4e consacrée à la crise du coronavirus depuis le début de l'épidémie.
« Le confinement le plus strict doit encore se poursuivre jusqu'au lundi 11 mai », a déclaré le chef de l'État. « Le 11 mai ne sera possible que si nous continuons d'être civiques, responsables, de respecter les règles et que si la propagation du virus a effectivement continué à ralentir », a-t-il ajouté, au soir du 28e jour de ce dispositif mis en place pour limiter la propagation de l'épidémie qui a déjà entraîné la mort de près de 15 000 personnes en France.
Les tests réservés aux « Français symptomatiques »
Lorsque le confinement commencera à être levé en France, « nous serons en capacité de tester toute personne présentant des symptômes » pour pouvoir mettre les malades en quarantaine, a affirmé le président de la République.
« Nous n'allons pas tester toutes les Françaises et tous les Français, ça n'aurait aucun sens. Mais toute personne ayant un symptôme doit pouvoir être testée. Les personnes ayant le virus pourront ainsi être mises en quarantaine, prises en charge et suivies par un médecin », a-t-il ajouté. Le chef de l'Etat a assuré que le nombre de tests réalisés chaque jour continuerait d'être augmenté. « J'ai demandé que ces tests soient d'abord pratiqués sur nos aînés, nos soignants et les plus fragiles », a-t-il assuré.« Nous n'étions pas préparés à cette crise », concède Macron
Lors de cette intervention, Emmanuel Macron a pour la première fois concédé un manque de préparation de la France pour affronter cette épidémie, évoquant des « ratés », des « lenteurs ». « Nous n'étions pas préparés à cette crise mais nous avons fait face, a-t-il reconnu, citant le manque de blouses, de gants, de gel hydroalcoolique ou encore de masques de protection. « Nous n'avons pas pu distribuer autant de masques que nous l'aurions voulu à nos soignants, à nos personnels s'occupant de nos aînés, aux infirmières et aux aides à domicile, a-t-il confessé. Dès l'instant où ces problèmes ont été identifiés, nous nous sommes mobilisés pour produire ou acquérir le matériel nécessaire mais je mesure pleinement que lorsqu'on est au front, il est difficile d'entendre qu'une pénurie mondiale empêche les livraisons. » D'ici trois semaines, la France aura multiplié par cinq la production de masques pour les soignants, a-t-il ajouté.
Hommage aux soignants qui « ont tenu »
Le chef de l'État a longuement salué lors de son intervention le travail des professionnels de santé qui « en première ligne, ont tenu ». Il a loué « la coopération inédite entre les hôpitaux, cliniques privées et médecins de ville, les transferts de patients ». Il a aussi reconnu que le système de santé était « sous tension », et même saturé en Grand Est et en Ile-de-France, et que l'épidémie n'était « pas encore maîtrisée ». La prolongation du confinement doit permettre aux soignants de « reconstituer des forces ».
La date du 11 mai doit coïncider avec la réouverture progressive des crèches, écoles, collèges et lycées. Tous les lieux publics, les cinémas, les salles de spectacle, resteront en revanche fermés. Aucun festival ne pourra se tenir avant mi-juillet. La question de la reprise du travail dans les entreprises à cette date, pour laquelle le Medef a fait le forcing ces derniers jours, pose question et a été assez peu évoquée dans cette allocution.
Un masque grand public pour tous les Français
Tout au plus, Emmanuel Macron a-t-il indiqué qu'à partir du 11 mai, « en lien avec les maires, l'État devra permettre à chaque Français de se procurer un masque grand public » pour se protéger et protéger les autres contre le coronavirus.
« Pour les professions les plus exposées et pour certaines situations comme dans les transports en commun, son usage pourrait devenir systématique », a-t-il précisé sans utiliser le mot "obligatoire".
Les personnes âgées et les patients chroniques sont quant à elles invitées à prolonger le confinement pour ne prendre aucun risque, et ce alors que les plus de 65 ans représentent la très grande majorité des décès enregistrés (dont près de 5 400 en Ehpad et établissements médico-sociaux).
Le gouvernement doit présenter d'ici à 15 jours un plan de l'après-11 mai pour préciser le déroulement du déconfinement.
Le pistage numérique débattu par le Parlement
Le chef de l'État a souligné qu'une application numérique dédiée à la sortie du confinement était à l'étude, sur la base du volontariat et de l'anonymat. Elle permettra de savoir si oui ou non, l'on s'est trouvé en contact avec une personne contaminée. « Il ne faut négliger aucune piste, aucune innovation. Je souhaite qu'avant le 11 mai, nos assemblées puissent en débattre, a déclaré Emmanuel Macron, et que les autorités compétentes puissent nous éclairer car cette épidémie ne saurait affaiblir notre démocratie ni mordre sur quelques libertés. »
Si cette allocution a permis d'apporter des premiers éléments de réponse, le déconfinement suscite toujours beaucoup d'interrogations. « Une très faible minorité de Français ont contracté le Covid-19, nous sommes loin de l'immunité collective », a asséné le chef de l'État. Emmanuel Macron a dit miser sur le vaccin pour sortir de l'épidémie, « sans doute la solution la plus sûre » qu'il faudra sans doute attendre encore plusieurs mois, mais aussi sur les traitements, affirmant qu'aucune piste ne serait négligée.
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