Dr Bertrand Galichon*

« Les questions de bioéthique à l’agenda du prochain pontife »

Publié le 15/03/2013
Article réservé aux abonnés

Compte tenu des attentes de la société française aujourd’hui, est-ce facile d’être médecin catholique ?

Dr Bertrand Galichon. Les médecins catholiques français sont confrontés exactement aux mêmes demandes que les autres sur les questions d’éthique. De ce fait, chacun va avoir une lecture un peu différente et personnelle de la place de la religion qu’il va mettre dans son exercice. Certains médecins catholiques, par exemple, se refuseront de prescrire toute contraception. D’autres, à l’inverse, la prescriront plus facilement. Je ne pense pas, en revanche, qu’il y ait beaucoup de médecins catholiques qui prescrivent et pratiquent l’avortement. Quant à la question du projet de loi sur la fin de vie, il me semble que beaucoup de médecins sont favorables à ce que la loi Leonetti soit confortée.

Les débats sont-ils nombreux autour des questions éthiques au sein de votre association ?

Les questions éthiques sont effectivement à la base de nos réflexions. Il s’agit de savoir comment écouter

et répondre aux demandes qui nous sont faites. Dans l’exercice de notre relation avec nos patients, nous nous demandons s’il faut afficher notre foi de prime abord ou le dire après. La question est de savoir s’il faut privilégier l’affirmation de nos convictions ou bien l’écoute des patients. Ces deux postures renvoient bien aux débats et difficultés de l’Église actuelle : soit on est dans le respect absolu du magistère de la parole de l’enseignement de l’Église, soit on fait entendre cet enseignement en fonction de la demande qui nous est faite. La mise en musique des positions de l’Église n’est pas toujours évidente ou uniforme quand on est confronté à des drames humains par exemple.

Comment réagissez-vous à la prise de position de l’Ordre des médecins sur la sédation terminale ?

Je suis intimement convaincu que l’ensemble des médecins chrétiens, qu’ils soient ou non catholiques, pensent que la loi Leonetti répond à la quasi-totalité des situations auxquelles nous sommes confrontés. On ne pourra pas empêcher qu’il existe des situations exceptionnelles qui sortent du cadre juridique.

Attendez-vous du nouveau pape des évolutions sur les questions éthiques?

A priori, on ne doit pas s’attendre à des évolutions radicales ou à des prises de position révolutionnaires de la part de l’Église, qui devrait rester sur les mêmes postures fondamentales. Il y aura peut-être des aménagements, mais à la marge. Cela dit, je pense que les principales interrogations sur la biothique sont encore devant nous pour deux raisons. D’abord, les progrès de la science vont nous amener à nous poser de plus en plus de questions éthiques ; ensuite, les problèmes du vieillissement de la population, de la prise en charge et du maintien en vie vont devenir d’une acuité grandissante. Pour ces deux raisons, la bio-éthique va être très certainement inscrite à l’agenda du prochain pontife.

*Président du Centre catholique des médecins français.

Source : lequotidiendumedecin.fr