Un clip de présentation moderne, un bulletin d'information spécifique et même un concours de candidatures (fictives) à succès sur les réseaux sociaux… En ce début d’année, le renouvellement des conseillers ordinaux départementaux partait sur de bons rails. C’était sans compter le peu d’engouement des médecins pour ces élections.
À mi-parcours – 55 des 101 scrutins de renouvellement se sont déjà tenus – le succès n’est pas au rendez-vous. En Île-de-France, les taux de participation flirtent avec les 15 % (17 % dans le Val-de-Marne, en Seine-Saint-Denis et dans les Hauts-de-Seine, 13 % à Paris). Ces chiffres ont interpellé certains praticiens sur Twitter :
Le plus difficile n’est pas de modifier les modalités de l’élection, mais plutôt les mentalités des électeurs ! Le taux d’abstention est affligeant ... https://t.co/Cq2UFAEyUY
— HUGUE Christian (@DrChHUGUE) February 20, 2018
Bravo à Jean-Jacques Avrane largement élu, bravo à la mobilisation efficace de notre liste qui place 7/7 binômes. Merci aux confrères qui continuent à nous faire confiance, notre travail est reconnu. Seul bémol un nombre de votants en baisse, décevant. pic.twitter.com/Z96BwXYFlS
— Jean-Claude ZERAT (@jczerat) February 11, 2018
La mobilisation est un peu plus importante lorsqu'on s’éloigne de la capitale (26 % en Isère, 27 % dans la Loire, 34 % en Eure-et-Loir ou encore 37 % en Meurthe-et-Moselle). « C'est peut-être dû au fait que les médecins se connaissent tous dans les plus petits départements », théorise le Dr Pascal Jallon, président de l'Ordre d'Isère, où la participation est restée stable par rapport à la dernière élection.
Cette faible participation n'est cependant pas propre aux élections ordinales note le Dr Christian Hugue, président de l’Ordre des Hauts-de-Seine. Si elle traduit selon lui, « un manque de cohésion entre confrères et de notion de représentativité de la profession », le praticien souligne que « la participation est similaire à celle des élections aux URPS ou de la Carmf ».
Une com’ trop tardive ?
Mais alors, où est le problème ? L’Ordre n’aurait-il pas assez communiqué sur le renouvellement de la moitié de ses conseillers départementaux ? « Soit la campagne de communication n’est pas suffisante, soit elle a été lancée trop tardivement », estime le Dr Hugue. « Quinze jours pour voter, c’est un peu juste, même s’il faut mettre une limite », complète le Dr Jallon. Le généraliste et président du conseil départemental isérois raconte qu’il a reçu une dizaine de bulletins après le scrutin.
« Le conseil national est très communicatif sur les notions nouvelles (intelligence artificielle, médecine de demain, ndlr) mais il devrait être plus proche du terrain », souligne un conseiller départemental.
Méconnaissance des conseils départementaux
Une présence plus importante sur les territoires permettrait de porter à la connaissance des médecins les attributions des conseils départementaux. Christian Hugue constate une méconnaissance de leurs missions. « Il faudrait davantage communiquer autour de la confraternité, de l’importance de l’Ordre, qui est méconnue. Il est perçu comme une instance disciplinaire, comme le Père fouettard, alors qu’il est là pour aider les confrères », déplore le président de l’Ordre altoséquanais.
Le Dr Jallon partage ce constat : « Les médecins ne savent pas exactement à quoi on sert. Ce que je dis aux médecins qui s’inscrivent à l’Ordre est que le premier mot est "conseil". On est d’abord là pour en donner. Même si, effectivement, on veille aussi au respect de la déontologie », appuie le généraliste. Cette méconnaissance fait regretter au Dr Hugue le temps des amicales de médecins. Celles-ci les informaient mais « elles fondent comme neige au soleil », s’émeut-il.
Contacté par Le Généraliste, le Conseil national de l’Ordre des médecins n’a pas souhaité commenter ces chiffres de participation, estimant qu’il était « trop tôt » pour le faire. Le renouvellement de la moitié des conseillers va s’étaler jusqu’au premier semestre 2019.
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