Comment redonner une vraie place aux soins primaires ? C'est la question sur laquelle s'est penché MG France lors d'un colloque, jeudi, en présence des "messieurs santé" des candidats à la présidentielle. Une matinée pendant laquelle Alfred Spira (PS/EELV), Jean Leonetti (LR), Michel Amiel (En Marche) et Noam Ambrourousi (La France insoumise) ont reprécisé, ou même dévoilé les propositions de leurs candidats en matière de santé.
Si les grandes lignes des programmes santé de François Fillon et Benoît Hamon sont connues depuis quelques semaines déjà, on en sait désormais un peu plus sur les ambitions d'Emmanuel Macron (qui présentait ce jeudi l'ensemble de son programme) et Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier, par l'intermédiaire de son représentant Noam Ambrourousi, a notamment donné sa recette contre les déserts médicaux. "Il faut les inscrire dans un processus de désertification des services publics plus global et jouer sur l’attractivité des territoires. Dans notre programme, on rouvre des gares, on rouvre des lieux culturels, on relocalise l’emploi…", a-t-il précisé, ajoutant que le candidat de La France insoumise souhaitait également engager un financement de 4 000 centres de santé pluridisciplinaires sur le territoire. "Ils pourront être publics, sous forme de sociétés coopératives ou privés à but non lucratif".
L'amélioration de l'accès aux soins passe aussi selon lui par l'augmentation du numerus clausus, mais "de manière raisonnée qui ne doit pas altérer la qualité de la formation". Enfin, selon son porte-parole Jean-Luc Mélenchon prévoit aussi la création d'un corps de médecins fonctionnaires rémunérés pendant toutes leurs études à hauteur de 1 700 euros par mois avec une obligation d’installation dans les déserts.
Des changements côté formation
Du côté du candidat d'En Marche, on souhaite aussi que ça bouge dans les études. Comme le rappelle le sénateur généraliste Michel Amiel, Emmanuel Macron prône l'instauration d'un "service de santé" pour les étudiants de 2e et 3e cycles, auprès de maîtres de stage en médecine générale dont on "favoriserait la rémunération". Sur le numerus clausus, il s'accorde avec le candidat Mélenchon : un "desserrement" mais pas sans penser à la qualité de l'enseignement universitaire.
Sur la formation toujours, Jean Leonetti, qui représentait François Fillon, a affirmé que s'il était élu, le candidat des Républicains "régionaliserait le concours classant avec un certain nombre de stages en médecine générale" et installerait "un véritable compagnonnage en stage". Le maître de stage y serait mieux rémunéré qu'aujourd'hui et pourrait être remplacé par son stagiaire de manière périodique durant les 6 derniers mois de stage. Pour lui, c'est en donnant plus de responsabilités et plus de liberté à l’étudiant que cela l'incitera à s'installer.
Cette matinée d'échanges a aussi été l'occasion pour le "M. Santé" de Benoit Hamon de modérer sa proposition de "déconventionnement" des médecins qui s'installeraient en zone surdotée. Désormais, on parle d'un "droit au conventionnement qui ne serait pas automatique" et qui devrait être discuté grâce à une nouvelle "Mission d'accès aux soins", elle-même pilotée par les ARS, les associations d'usagers, les professions médicales et les organismes financeurs. En cas d'échec, Alfred Spira va plus loin en proposant de développer ce qui se fait déjà dans certaines communes et qui fait bondir les libéraux : recruter des médecins salariés de l'hôpital pour des consultations avancées en ville.
Limiter les disparités entre MG et spécialistes
Enfin, dernier point important évoqué par les candidats : l'attractivité de l'exercice professionnel. Pour Noam Ambrourousi, "il n'y a aucune justification pour qu'un cardiologue ou qu'un chirurgien gagne 2,5 fois plus qu’un médecin généraliste". Sans préciser de montant, il propose au nom de Jean-Luc Mélenchon de revaloriser la rémunération et de supprimer les dépassements d'honoraires. Pour lui, le développement de passerelles vers le médico-social ou l’activité de recherche, notamment la pharmacologie peut aussi rendre la profession plus attrayante.
Jean Leonetti le constate aussi : il faut réduire les disparités entre généralistes et autres spécialités, notamment en instaurant un nouveau type de consultation à 40 euros pour les actes "plus longs" de pédiatrie, la prise en charge des personnes âgées, des troubles cognitifs et les consultations de prévention.
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