"La télémédecine est un des grands enjeux de demain" insiste Frédéric Valletoux. Expérimentée dans 9 régions pilotes dans le cadre de la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) de 2014, les premiers résultats de la télémédecine sont pourtant, insuffisants, selon le président de la Fédération Hospitalière de France (FHF).
Alors que l'article 47 du PLFSS 2017, qui prévoit l'élargissement de ces expérimentations, est discuté cette semaine au Sénat, la FHF et la Société française de télémédecine (SFT-ANTEL) ont signé une convention de partenariat qui devrait permettre d'accompagner la mise en œuvre de la télémédecine dans les établissements de soin et encourager les projets sur le territoire. Une signature qui s'inscrit dans le projet de la FHF pour "encourager et déverrouiller la télémédecine".
Des débuts timides
Cette pratique numérique n'en est qu'à ses prémices en France, estiment-ils, alors que d'autres pays européens, comme les pays nordiques, l'Espagne ou encore le Portugal, en ont fait une priorité depuis longtemps. "À l'heure où le gouvernement propose de continuer les expérimentations, il serait pourtant temps de généraliser la télémédecine", a lancé David Gruson, directeur général de la FHF.
Pourquoi tant de retard ? La faute à un cahier des charges tardif publié en octobre 2015 tout d'abord. C'est pourquoi l'article 47 du PLFSS 2017 prolonge ces expérimentations jusqu'en septembre 2017. Date à laquelle la HAS pourra évaluer ces dispositifs en vue d'une généralisation. Pour l'instant, la FHF et la SFT-ANTEL ont pu observer l'efficacité de la télémédecine dans divers cas concrets exposés lors de la conférence qu'ils organisait sur le sujet : suivi des patients insuffisants cardiaques au CHU de Caen, des patients en Ehpad à Saint-Giron (Ariège) ou encore la prise en charge de l'AVC sur le territoire de Valenciennes et Lens...
Un modèle économique verrouillé
Il reste cependant un obstacle de taille à la généralisation de la télémédecine : son modèle économique. "Les gains d'efficience de la télémédecine, principalement en termes de transport, n'ont pas encore été évalués et la pratique est encore trop pénalisante financièrement", poursuit David Gruson. "La Cpam considère la télémédecine comme un médicament alors que c'est une organisation complète", ajoute le Dr Pierre Simon, ancien président de la SFT.
Et les généralistes dans tout ça ? La télémédecine est encore pratiquée assez rarement par les médecins généralistes, bien qu'elle puisse s'imposer comme une solution face aux déserts médicaux. "La nouvelle génération de médecins devrait permettre de faire de la télémédecine avec des spécialistes. C'est déjà le cas dans plusieurs maisons de santé", explique le Pr Thierry Moulin, président de la SFT-ANTEL. "Mais les générations anciennes ont du mal à sortir de la médecine du XXe siècle, conclut le Pr Pierre Simon. Avec les déserts médicaux, il va falloir de la télémédecine, et pour la pratiquer, il faudra oublier la rémunération à l'acte et instaurer un paiement au forfait".
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique