3,8 millions de Français vivent dans une zone sous-dotée en médecins généralistes

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Publié le 14/02/2020
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Crédit photo : PHANIE

L'accessibilité géographique au médecin généraliste continue de se dégrader. Selon une étude de la DREES (ministère) publiée ce vendredi, près de 3,8 millions de personnes (soit 5,7 % de la population) vivaient dans une zone sous-dotée* en médecins généralistes en 2018 contre 2,5 millions en 2015 (3,8 % de la population).

Dans cette étude, un territoire de vie-santé est considéré comme zone sous-dense si son accessibilité potentielle localisée (indicateur APL) est inférieure ou égale à 2,5 consultations par an et par habitant. Le secteur est « moyennement doté » si son APL est compris entre 2,5 et 4 C/an/hab et il est considéré comme bien doté si son APL excède 4 C/an/hab. 

En dépit de cette dégradation, la DREES souligne que la part de la population vivant en zone sous-dotée en généralistes reste « faible ». En 2018, les Français ont accès en moyenne à 3,9 consultations par an et par habitant (contre 4,06 en 2015). « Les inégalités s'accentuent entre les communes les moins bien dotées et celles qui le sont le plus », relève l'étude. 

Moins de temps médical

Selon l'enquête, cette moindre accessibilité s'explique « principalement » par la baisse du temps médical disponible, en raison de « nombreux départs » à la retraite des générations diplômées dans les années 70-80, que les nouvelles installations ne compensent pas encore.

L'étude pointe l'« effet prolongé » des numerus clausus appliqués au cours des dernières décennies (effet de l'offre), conjugué aux besoins croissants de la population (effet de la demande). Au total, « la diminution du nombre de généralistes s'est traduite par une diminution du nombre total de consultations effectuées, résume l'enquête. Les stratégies visant la libération de temps médical utile (nouvelles organisations territoriales, protocoles de coopérations interprofessionnelles, recours au numérique, etc.) peuvent constituer un levier pour freiner cette tendance structurelle. »

C'est surtout l'érosion des effectifs libéraux qui pose des difficultés. Si le nombre total de praticiens – salariés et libéraux, toutes spécialités confondues – est en augmentation (226 000 en 2018, dont 45 % de généralistes), les effectifs des médecins généralistes de ville pris en compte dans le calcul de l’APL ont ainsi diminué de 2,1 % entre 2015 et 2018 (où ils s’élèvent à 55 600), insiste l'étude

La région francilienne frappée de plein fouet

La Guyane, la Martinique, la Guadeloupe mais aussi l'Ile-de-France sont les régions les plus touchées par la sous-densité médicale. La situation est particulièrement critique en Guyane où 44 % de la population vit en zone sous-dense en généralistes (120 000 personnes).

Quant aux régions Ile-de-France et Centre Val-de-Loire, elles comptabilisaient déjà en 2015 deux à trois fois plus d'habitants en zone sous-dense par rapport au reste de la France. L'écart se maintient en 2018 : 1,8 million de personnes en Ile-de-France (14,6 % de la population) et 318 000 en Centre-Val-de-Loire (12,3 %) vivent en zone sous-dense. « Le nombre de généralistes a diminué respectivement de 4,2 % et de 5,2 % dans ces régions, alors que la croissance démographique y est positive », souligne la DREES.

Selon l'indicateur APL de l'étude, sur les 2 823 territoires de vie-santé étudiés (agrégat communes-bassin de vie), la moitié sont des zones « demeurant moyennement dotées ». 909 zones sont considérées comme « demeurant bien dotées », situées principalement le long de la façade atlantique, du pourtour méditerranéeen et de la frontière italienne et dans le nord-est du pays. Seuls 76 territoires sont devenus « mieux dotés » en 2018 grâce à l'installation de praticiens, principalement à proximité des zones déjà bien dotées.

À l’inverse, 150 zones demeurent « sous-dotées » et 94 ont basculé vers le niveau sous-dense en raison d'une baisse importante du nombre de médecins (-17,4 % en trois ans). 

Le manque d'attractivité est l'une des raisons pointée. « Les zones demeurant sous-denses et, dans une moindre mesure, celles qui le sont devenues, sont moins bien équipées que la moyenne, que ce soit en matière de commerces, d’établissements scolaires ou d’équipements sportifs et culturels. La densité de médecins spécialistes autres que généralistes et de professionnels paramédicaux y est également plus faible qu’ailleurs. » CQFD? 

 


Source : lequotidiendumedecin.fr