Exercer dans un désert

Arnac-la-Poste retrouve (enfin) un médecin

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Publié le 24/09/2019
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La ténacité et la volonté auront permis à Arnac-la-Poste, petit bourg rural de Haute-Vienne, de se doter d’un généraliste. Après deux années de galère.

« On aura réellement tout essayé, tout tenté… Mais finalement, notre entêtement aura payé. »

Mariane Deverines, maire d’Arnac (1 000 habitants, 50 km au nord de Limoges) élue en 2014, se félicite de l'installation récente du Dr Manuel Trigueros Alamo, 50 ans, venu de la péninsule ibérique.

« Lorsque notre ancien généraliste nous a quittés il y a cinq ans pour prendre sa retraite, nous avons immédiatement réagi, se souvient-elle. Nous avons pu recruter une femme médecin venue de Roumanie, qui nous a hélas quittés au bout d’un an, lorsque nous avons mis fin à la gratuité des loyers – cabinet et maison – que nous lui avions accordés. »

L’élue a frappé à toutes les portes : fac de Limoges, envoi de courriers à des médecins déjà implantés, contact avec des internes, Conseil de l’Ordre, syndicats, associations professionnelles. Dans le même temps, la commune acquiert le cabinet, le met aux normes, le modernise afin d'offrir à son futur locataire un outil de travail en bon état.

« Toutes ces démarches n’ont rien donné, regrette la maire. Nous nous sommes alors adressés à une officine de recrutement, avec une directive : vendre Arnac aux candidats potentiels, ses qualités et ses avantages. »

Arnac, le bonheur dans le pré

Cette ultime démarche a séduit le Dr Trigueros Alamo, qui exerçait jusque-là en milieu hospitalier et en maison de santé, en Espagne et au Portugal. « D’abord, je me suis mis au français, détaille-t-il. Deux mois de cours de langue à la CCI de Limoges m’ont aidé. Le Conseil de l’Ordre a apporté sa contribution en me proposant un parrainage avec un confrère local qui m’a guidé dans les procédures, l’administratif d’un cabinet, etc. Je ne connaissais ni le pays, ni la région et très peu la langue, mais j’avais retenu que le lieu présentait des qualités de vie que j’appréciais : chasse, pêche, nature, vie rurale, tranquillité, contacts humains. »

Restait la viabilité du poste et la pérennisation de l’activité médicale. La commune met à disposition – gratuitement – le cabinet tout neuf et propose un pavillon meublé (six premiers mois gratuits, puis 450 euros de loyer mensuel). Selon la maire, le nouvel arrivant ne risque pas de s'ennuyer : « Nous sommes aux confins de l’Indre, de la Creuse, de la Haute-Vienne, avec des besoins évidents liés à une population vieillissante, et des généralistes voisins qui sont en train de prendre leur retraite. Sans oublier les EHPAD alentour, nombreux, qui ont de gros besoins médicaux. Le Dr Trigueros pourra donc réussir et prospérer chez nous. »

 

 

 

 

 

De notre correspondant Jean-Pierre Gourvest

Source : Le Quotidien du médecin